Le président de l’Union calédonienne (UC) a accepté la peine proposée par le procureur de six mois de prison avec sursis pour avoir conduit en état d’alcoolémie le 13 juillet dernier, à Voh.
La justice l’a prévenu, ce sera une peine de prison ferme la prochaine fois. Deux mois après avoir été contrôlé en état d’alcoolémie, Daniel Goa a, une nouvelle fois, dû s’expliquer devant les juges. Le 13 juillet dernier, au matin, c’est au cours d’une banale opération de contrôle routier au rond-point de l’école primaire du village de Voh que le président de l’Union calédonienne (UC) avait été invité à présenter son permis de conduire (qu’il venait de récupérer depuis seulement quelques jours) et à souffler dans l’éthylotest qui avait révélé un taux de 0,4 milligramme par litre d’air expiré. Soit, un taux délictuel 0,8 gramme d’alcool dans le sang.
Problème, le leader indépendantiste de 70 ans avait déjà fait parler de lui – toujours pour une conduite en état d’ivresse – en septembre 2022 à Pouembout. Avec 1,7 gramme d’alcool dans le sang, il avait percuté une voiture en stationnement (sans faire de blessé) avant de proférer des insultes à caractère raciste à l’égard des gendarmes. La justice l’avait alors condamné, en décembre dernier, à une peine de 200 jours-amendes à 1200 francs (représentant 240 000 francs) et à la suspension de son permis pour six mois. Une peine à valeur d’avertissement, à l’époque.
«Vous êtes un danger »
C’est donc en état de récidive légale que Daniel Goa a été jugé, mercredi matin, dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), risquant jusqu’à quatre ans d’emprisonnement (la peine est doublée en cas de récidive). Comme le veut la procédure, l’ancien maire de Hienghène, assisté de son avocat Me Martin Calmet, a été présenté au procureur de la République Yves Dupas qui lui a proposé la peine de six mois de prison avec sursis et une amende de 200 000 francs. Sans surprise, son permis a été annulé (la peine est automatique en cas de récidive) et il lui est interdit de le repasser dans un délai de trois mois.
La peine ayant été acceptée par Daniel Goa, le dossier a été transmis à la présidente Véronique Salabert chargée d’homologuer la sanction. « Je reconnais les faits », a déclaré le responsable politique devant la magistrate. « L’alcool au volant tue des gens toutes les semaines en Nouvelle-Calédonie. Vous n’avez pas compris le sens de la première peine [de décembre dernier, NDLR] puisque vous avez réitéré les faits », a-t-elle regretté. Daniel Goa a répondu que « ce n’était pas prévu ». Devant les gendarmes, il avait en effet expliqué que la veille, il avait fêté le vingtième anniversaire de mariage avec sa femme et qu’il avait bu trois ou quatre verres de whisky. « Les gens qui boivent au volant nous disent toujours la même chose. Le problème, c’est que vous êtes un danger. Vous devez le comprendre. Vous n’avez pas le droit de repasser le permis dans un délai de trois mois, ce qui veut aussi dire que vous allez devoir faire des analyses de sang pour démontrer que vous ne consommez plus d’alcool », a précisé par la suite la présidente.
Trois condamnations au casier
Rappelant l’importance du devoir d’exemplarité des élus, Véronique Salabert a également dénoncé « l’alcoolisme » qui « encombre nos tribunaux. Il faudrait faire davantage de prévention au niveau des politiques locales sur l’alcool et les stupéfiants. Il n’y en a pas suffisamment à mon sens, c’est un véritable drame sociétal ». Avant de lancer un avertissement qui ne souffrait d’aucune ambiguïté : « si vous recommencez dans un délai de cinq ans, vous allez partir au Camp-Est. Le but, c’est de ne plus vous revoir ».
Au sortir de l’audience, Daniel Goa n’a pas souhaité faire de commentaire. Son avocat Me Martin Calmet a considéré que « la justice est passée de manière modérée par rapport aux faits qui étaient reprochés à mon client », évoquant une peine « adaptée » et « mesurée. Bien évidemment, M. Goa qui a compris que la situation ne pouvait plus se reproduire dans les années à venir ».
Désormais inscrite au casier judiciaire du président de l’UC, cette nouvelle peine s’ajoute donc à celle de décembre dernier et à une précédente pour complicité de conduite sans permis en 2008.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche