Pourquoi est-ce si difficile de sortir de l’Accord de Nouméa ?
Parce que, c’est encore en 2023 un brillant compromis politique qui associe les deux visions de l’avenir du Pays dans une identité politique commune qui élargie celle déjà négociée à Matignon en 1988 – la population intéressée – avec la création de la citoyenneté de la N.C associée à un corps électoral distinct dotée de signes identitaires. C’est aussi, on l’oubli, une lecture partagée de l’histoire du pays appelée Préambule, dont l’idée est avancée par Bernard Deladrière, signataire et négociateur de l’Accord de Nouméa. Elle a permis de se dire les choses en face et officiellement. Ce qui n’est pas rien. C’est également une orientation partagée de l’action présente et future de nos pouvoirs publics – le document d’orientation – dans tous les domaines y compris celui de la décolonisation et de l’autodétermination. C’est enfin un statut au sens strict. Ce statut reprend des éléments des Accords de Matignon, notamment le partage du pouvoir et de l’argent public mais avec une différence capitale : la création d’un gouvernement collégial. L’Etat perd l’exécutif du pays. L’apparition d’élus exclusivement provinciaux est également une belle trouvaille. Le tout est couronné par deux exploits politiques : L’insertion de ces trois éléments dans la Constitution française qui devient en forme distincte à la fois celle de la France et celle des citoyens de la N.C. Le croiriez-vous ? La France a deux constitutions : la sienne et l’Accord de Nouméa. Un «accord économique» permettant la construction d’une usine métallurgique dans le Nord du pays. Enfin, parce que la durée d’utilisation de l’Accord de Nouméa – une surprise ! – l’a conforté en lui donnant une légitimité nouvelle… bienvenue après le résultat de la phase référendaire. Il y a aujourd’hui une idée neuve en Calédonie : l’Accord de Nouméa.