Ancien élu au Congrès et membre du gouvernement, Jean-Louis d’Anglebermes préside depuis deux ans maintenant, le Conseil Économique, Social et Environnemental. Nous avons fait avec lui un point de situation.
Le Conseil Économique, Social et Environnemental est-il une institution connue ?
Jean-Louis d’Anglebermes : Le CESE est-il connu ? Je crois qu’il est reconnu. Nous sommes sollicités par l’État et par les institutions. Lorsqu’en 2022 la Première ministre a convoqué la Convention des Partenaires, c’est Richard Kaloï qui nous a représentés, nous y avons été invités, et nous participons aux groupes de travail. Mais nous avons fixé des limites, ainsi nous ne souhaitons pas aborder les questions qui relèvent du politique, comme celle du corps électoral. En revanche, dès lors que l’on aborde les questions sociales, économiques et sociétales, nous sommes présents. J’ai fait la proposition à Elisabeth Borne que le CESE fasse des contributions. Et nous en avons fait quatre ! Nous avons travaillé sur la gouvernance dans le monde agricole avec l’autosuffisance alimentaire en ligne de mire, sur le déplacement des populations face aux enjeux climatiques, l’égalité homme-femme dans le monde professionnel et enfin sur l’évaluation des politiques publiques. Ces contributions ont été officiellement déposées à l’État. En 2022, nous avons fait 42 saisines ! Il faut savoir que si nous ne répondons pas, l’avis du CESE est réputé donné, ce qui voudrait dire que nous servons à rien. Je me suis fait un point d’honneur à ce que le CESE réponde à toutes les saisines des institutions et dans les délais.
Dans les discussions institutionnelles, il est beaucoup question du rôle du CESE et l’on se demande apparemment s’il faut ou non le conserver. Qu’en pensez-vous ?
JLDA : On parle beaucoup de la société civile. Voudrait-on alors écarter la société civile ? Je ne crois pas. Toutefois, le CESE représente-t-il vraiment aujourd’hui la société civile ? C’est une vraie question. Lorsque l’on discute avec nos voisins anglo-saxons, ils se montrent intéressés par l’institution CESE. J’ai des échanges réguliers avec les CESER, c’est-à-dire les Conseils Économiques, Sociaux et Environnementaux régionaux, en particulier ceux de la Réunion et de Corse. Et ils sont très intéressés par ce que nous menons en Calédonie comme la protection de l’emploi local, notre politique foncière, la valorisation des cultures et bien sûr tout ce qui a trait à la citoyenneté.
Comment souhaiteriez-vous voir évoluer le CESE ?
JLDA : Je souhaiterais qu’il y ait plus de liens avec les citoyens. Nous travaillons en ce moment sur l’initiative citoyenne et les pétitions citoyennes, au travers d’une plateforme numérique sur l’installation de laquelle nous sommes en lien avec le gouvernement. Sur cette plateforme, il serait possible de pétitionner à propos de tel ou tel sujet et au-dessus d’un certain nombre de signatures, il nous faut encore en déterminer le nombre, le CESE se saisirait de la question. Il faut que nous trouvions le bon format de la pétition citoyenne. Quant à l’initiative citoyenne, c’est nous, le CESE, qui solliciteraient les citoyens au travers d’enquêtes. Tout cela permettrait de mettre davantage l’institution en lien avec les citoyens. Je voudrais aussi que le CESE participe aux évaluations des politiques publiques, d’ailleurs nous avons créé un groupe dédié, un groupe-test. Il est composé de représentants du gouvernement, du congrès, du CESE, de la Chambre Territoriale des Comptes et de l’Université. L’évaluation n’est pas une sanction ni un jugement, mais cela parait nécessaire de connaitre l’efficacité des décisions qui sont prises. C’est ce qui se passe en métropole pour les CESE régionaux. Et puis il faudra nous interroger sur le mode de désignation des membres du CESE, notamment pour obtenir la parité homme-femme. Peut-être en instituant une désignation par collège, en tous les cas il faut mener une vraie réflexion sur le sujet.