Grâce à une troisième place inespérée chez les U20 aux derniers championnats d’Europe jeunes de vitesse, en Allemagne, mi-juin, le Calédonien Max Mengual a été sélectionné pour concourir aux Mondiaux juniors de Séoul, les 23 et 24 août. Portrait d’un athlète du Nord qui n’a rien laissé au hasard.
Deux pans de contre-plaqué en angle, quelques prises d’escalade et de vieux matelas poussiéreux posés à même le sol au fond du jardin de Boris Kholler, à Poindimié. C’est là, entouré d’une poignée d’adolescents de son âge, que Max Mengual a véritablement débuté la grimpe. Son enfance, il l’a pourtant passée à Koumac, non loin du seul site naturel de varappe du Caillou. « J’ai fait deux ou trois mercredis pédagogiques aux Roches Notre-Dame quand j’étais petit », précise tout de même le passionné de sport. Natation, tennis, judo ou encore athlétisme, Max est déjà en forme physiquement quand il commence à grimper une à deux fois par semaine sur la petite structure artisanale de Poindimié. « C’est des super souvenirs, se remémore l’athlète de 18 ans. Quand j’en partais, j’avais déjà hâte de la prochaine session. »
Direction la Capitale
Quelques mois plus tard, le jeune grimpeur décide de participer au Trophée poussin/benjamin, à la structure de Magenta. Contre toute attente, il termine avec une médaille d’argent autour du cou. « J’ai rencontré Bassa Mawem qui m’a dit que j’avais du potentiel et il m’a proposé de venir m’entraîner à ses côtés, à Nouméa », raconte Max. Il n’a que 13 ans quand il déménage seul dans un petit studio, à proximité d’amis à ses parents, qui le rejoindront finalement dans la Capitale quelques mois plus tard.
Très vite, il se passionne pour l’escalade de vitesse, et décide d’organiser sa vie autour de cette discipline dans l’espoir d’atteindre le haut niveau. « Il est toujours dans l’optimisation, relève son partenaire d’entraînement Sacha Lehmann, vice-champion de France sénior en 2022. Sa vie est rythmée par l’escalade et la recherche de performance dans tous les aspects. C’est vraiment un exemple pour nous tous. » Une abnégation qui lui permet de progresser rapidement.
Mais voilà, la crise Covid frappe et le monde est paralysé. Alors qu’il a enfin le niveau pour participer aux championnats de France et faire ses preuves à l’international, ses déplacements sont annulés à la dernière minute, en 2020, puis en 2021. « C’était super frustrant, on s’entraînait vraiment toute l’année avec cette échéance en tête », souffle l’athlète du Nord.
Pression et progression
Quand il peut enfin prendre part aux France l’année suivante, la pression de ces trois saisons d’entraînement sans compétition et la volonté de réussite pèsent lourd sur ses épaules. « Je voulais tellement gagner que j’ai laissé de côté le plaisir. Le stress m’a rattrapé et j’étais tétanisé ». Il craque sous la pression et termine à une décevante 7e place. Mais il se rattrape quelques semaines plus tard lors d’un sélectif à distance qui lui ouvre les portes des championnats du monde juniors, à Dallas, aux États-Unis. Max Mengual se classe 7e chez les U18 en battant par la même occasion son record personnel. La machine est lancée : une médaille de bronze nationale en début d’année, puis de nouveau une troisième place aux championnats d’Europe jeunes de vitesse, à Duisburg, en Allemagne, en juin. « C’était vraiment une belle surprise, explique celui qui habite depuis peu à Colmar, dans le nord de l’Hexagone, afin d’étudier en STAPS. Sur le papier, j’étais à peine dans le top 10. Mais voilà, je me transcende, je fais 5,58 secondes (record de France de sa catégorie d’âge, NDLR) et le gars en face fait une erreur. »
Une performance qui le qualifie pour représenter de nouveau la France aux championnats du monde juniors, qui se dérouleront les 23 et 24 août à Séoul, en Corée du Sud. « Il a des adversaires qui tapent le buzzer en 5 secondes face à lui, il n’a pas d’autre choix que de grimper à son maximum », pose son entraîneur Bassa Mawem. Une nouvelle marche à gravir pour celui qui rêve des Jeux olympiques de 2028.
Titouan Moal