Voiture, peinture ou encore handball, les enfants ont le choix entre de nombreuses passions pour agrémenter leur quotidien. Mais Enzo Tavergeux, lui, a opté pour quelque chose d’un peu plus originale : les poules.
Enzo vient d’obtenir un Master de droit privé à l’UNC. Mais du haut de ses 23 ans, il n’est pas un étudiant comme les autres. À la sortie des cours, quand certains rejoignent leurs amis ou leur salle de sport, lui rejoint…ses poules. Depuis l’âge de 9 ans, il est éleveur. Une passion peu commune, dont il vit aujourd’hui. « Je fais de l’élevage de volailles d’ornement et de race, pour préserver la variété de races que nous avons sur le territoire », explique-t-il. Depuis 2009, il participe à la Foire de Bourail et aux concours avicoles : c’est d’ailleurs cette année-là qu’il remporte son premier concours, « avec une poule Padoue chamoisée » précise-t-il.
« Les poules, c’est comme une drogue »
Mais comment cette passion a-t-elle commencé? « Je n’aimais pas les chiens et les chats, explique Enzo. Et mon grand-père avait des poules Plymouth. J’allais dans toutes les foires et les marchés, et j’ai commencé à acheter des poules. J’ai acheté un couple de poules Padoue à Monsieur Dumont, et c’est parti de là ». Ce n’était que le début d’une grande collection. Enzo a ainsi récupéré des poules Padoue blanches et chamoisées, des Plymouth, des Sussex, des Australorp, des Rhode-Island, des Sabelpoot, des Soie, des cailles, des faisans, des perdrix ou encore des pintades. « C’est comme une drogue ! nous dit-il. On commence avec quelques volailles et on finit avec… beaucoup de volailles. J’en ai en permanence entre 300 et 400 sur la propriété. Que de la race pure importée de métropole, d’Allemagne ou encore d’Australie. Il y a certaines races que j’aimerais avoir mais que nous n’avons pas en Nouvelle-Calédonie, donc je dois attendre pour les importer, trouver un éleveur… Ou les créer moi-même ». Car en effet, grâce à un travail de génétique, il est possible de croiser deux poules pour donner une autre race de poule. « On a la même compétence qu’en métropole, affirme Enzo. On sait peut-être même mieux le faire qu’eux ! Parce qu’en métropole, ils ont le choix, alors que nous, nous sommes contraints de le faire sinon on perd nos variétés ».
Une solidarité à la calédonienne
Pour commencer, Enzo a pu compter sur le soutien de ses parents, malgré le fait que ceux-ci n’évoluaient pas dans le monde de l’agriculture. « Je crois que le plus gros défi pour eux, c’était de trouver les poules que je demandais tous les ans en cadeau… », se souvient-il. En plus du soutien de ses parents, Enzo a pu compter sur les professionnels du milieu : « J’ai été bien encadré par les gens du milieu, par exemple André Carliez qui a instauré le concours avicole à la Foire de Bourail et qui m’a énormément aidé, avec sa petite fille Émélie qui m’aide encore aujourd’hui ».
Une passion qui est devenue un métier
Enzo vit de sa passion via la vente des bêtes. De nombreuses personnes souhaitent se procurer une poule d’ornement, pour mettre du sang neuf dans leur poulailler ou pour se débarrasser des millepattes. Mais pour le jeune éleveur, au-delà de la vente, il y a surtout le partage de sa passion avec les plus jeunes. « Ma satisfaction, c’est de voir les enfants s’émerveiller devant ces bestioles qu’on n’a pas l’habitude de voir, avoir des étoiles dans les yeux. Ça vaut tout l’or du monde » se réjouit Enzo. Cette passion lui permet également de maintenir un équilibre dans sa vie : « j’ai toujours voulu entretenir le côté intellectuel, d’où les études de droit, et l’agriculture à côté est un échappatoire, explique-t-il. Cela me permet d’avoir les mains dans la terre, d’avoir un contact avec la nature, de me vider la tête. À mon sens, l’un ne va pas sans l’autre ». Prochaine étape : un livre ! En presque 15 ans de passion, Enzo en a fait du chemin. « J’ai créé mon entreprise et j’ai amélioré mes compétences, explique-t-il. Malheureusement, il n’existe pas d’ouvrage qui explique comment on élève des poules en Nouvelle-Calédonie, avec notre climat particulier, et les maladies propres au territoire. Je prends beaucoup de notes sur tout ce que je fais, ce qui m’a beaucoup aidé ». Prochaine étape, aider les autres éleveurs en publiant un ouvrage à partir de ses notes. « Comment créer un élevage, le développer et l’entretenir, voilà ce qu’il contient », ajoute Enzo. Le livre est prêt à être publié, il ne manque qu’un éditeur et des photographies… L’appel est lancé.