Le président Macron a affirmé l’autre jour qu’il y a ici « un passé qui ne veut pas passer » et qu’il voulait qu’« on l’écrive, le consolide, qu’on le pense, qu’on le raconte, qu’on le transmette ». Comme si ce n’était pas déjà fait. En France, un « passé qui ne passe pas » est une formule connue qui s’applique au régime dit de Vichy entre 1940 et 1944, parce qu’il est toujours objet de débat. En Calédonie, il n’y a pas contestation sur la dimension violente et destructrice de la colonisation pour la société kanak de la Grande-Terre à partir de 1853. Ni sur la caractérisation de la prise de possession vue comme un acte unilatéral. Ce passé la fait même l’objet de la première partie du préambule de l’Accord de Nouméa. C’est la preuve que nous connaissons et assumons notre passé. Depuis cinquante ans, on compte par dizaines les livres, les articles de revues spécialisées, les films, les documentaires télévisés, les conférences, les colloques, les commémorations, qui traitent sans tabous et de la colonisation et des Evènements sous tous les angles. Cette dimension de notre histoire fait l’objet de chapitres des manuels d’histoire utilisés officiellement dans les écoles, collèges et lycées. Donc le travail est fait. Il n’est ni parfait ni complet c’est pour cela qu’il se poursuit. Il reste que notre histoire commune pourrait être plus et mieux célébrée dans l’espace public. Comme on dit aujourd’hui : nous avons la compétence pour cela. C’est autre chose de revendiquer que la lumière soit faite sur telle ou telle « infractions » ou assassinats durant la période dites des Evènements et restés sans enquête probante et ce, même quand ils ont été amnistiés par la loi de janvier 1990. A bien y regarder, ce n’est pas notre passé qui ne veut pas passer, mais l’avenir de notre lien politique avec la France et ses conséquences qui font débat entre nous.