Le phénomène n’est pas rare, mais chaque fois qu’il se produit, cela suscite une certaine émotion. Pour des raisons que les scientifiques ont encore du mal à expliquer, il arrive parfois que des globicéphales, des mammifères marins de la famille du dauphin, s’échouent sur les côtes.
Et c’est ce qui est arrivé dimanche matin dans la région de Koumac. « Il était 7h30 environ, lorsqu’en faisant le tour de ma propriété, j’ai repéré sur la plage des formes noires, explique Marc Devillers qui a fait la découverte des animaux. En arrivant sur place, il y avait une bête déjà morte, mais les deux autres respiraient encore, j’ai entendu leur souffle. » Aussitôt, Marc prévient les gardes nature, puis ses amis, voisins et connaissances pour tenter de sauver les deux animaux qui sont en danger échoués sur la plage. « La marée était descendante, donc avec des seaux nous avons arrosé les animaux. Ensuite, nous avons réussi non sans mal à glisser de grandes bâches sous les bêtes, afin de pouvoir les déplacer vers la mer », explique Marc Devillers. Les deux animaux encore vivants sont imposants, ils mesurent plusieurs mètres et pèsent très lourd, mais après plusieurs heures d’efforts, les sauveteurs atteignent leur but et réussissent à remettre les deux globicéphales à la mer. « J’ai dû aller chercher une mini-pelle pour creuser une sorte de chenal, pour que ces pauvres bêtes retrouvent la mer », explique encore Marc.
Une trentaine de personnes pour aider
« Ce qui m’a vraiment fait plaisir, ce qui m’a touché, c’est de voir autant de monde, venir pour aider ces animaux. La solidarité permet de faire de belles choses », poursuit Marc. Après quelques minutes d’hésitation, après que l’un des deux animaux rescapés aient même tenté de s’échouer de nouveau, les deux globicéphales ont retrouvé les eaux du Pacifique grâce à la mobilisation d’une trentaine de personnes. « Malheureusement, l’un des animaux n’a pas survécu (il était mort lorsque Marc a fait la découverte), je l’ai enterré sur ma propriété. C’est la deuxième fois que des animaux de ce type s’échouent chez moi, raconte encore Marc. Il y a 5 ou 6 ans déjà j’avais retrouvé deux globicéphales, malheureusement ils étaient morts à mon arrivée » conclue Marc Devillers.
Encore un vrai mystère
Bourail, il y a quelques mois, Kaala-Gomen et l’ile des Pins en 2020, ce n’est donc pas la première fois que les côtes calédoniennes sont le théâtre d’échouage de globicéphales. Des échouages qui parfois sont massifs. L’an dernier plus de 200 individus s’étaient échoués en Australie. Ce phénomène d’échouage collectif de ces animaux n’est pas vraiment expliqué par la communauté scientifique. Selon les spécialistes, les échouages de ces animaux pourraient en partie s’expliquer par le fait de leur grande sociabilité. Les globicéphales vivent en groupe et la cohésion du groupe semblerait plus forte que l’instinct de survie peut-on lire dans certaines études. Si l’un des animaux du groupe, en particulier celui qui le guide, se rapproche des côtes pour diverses raisons, les autres le suivront, expliquent les scientifiques.
Lionel Sabot