La SLN a annoncé hier la fermeture de son site minier de Poum à compter du 14 août. Quant au président de la province Nord, il intervient dans le dossier, et ça fait du bruit !
« Après de longs mois d’incertitude face à l’absence de délivrance d’autorisation d’exploitation, dit le communiqué du Nickel, la SLN engage la mise en sécurité du centre minier de POUM et met en œuvre un plan d’adaptation de ses effectifs. » Concrètement, cela se traduit qu’à compter du 14 août 2023, l’activité du site s’arrête et les salariés seront mis en congés rémunérés. Période pendant laquelle des solutions de reclassement à la SLN ou en externe seront recherchées. « Le projet prévoit l’arrêt de l’extraction et le maintien d’une activité de mise en sécurité du site et de mise en conformité règlementaire de l’environnement, précise la SLN. Neuf emplois seront maintenus sur les quatre-vingt-quinze existants aujourd’hui. » La Société Le Nickel précise que des mesures sociales très favorables seront mises en œuvre au-delà de ses obligations légales. La SLN qui évoque également les demandes d’autorisation d’exploitation. « Durant les 6 derniers mois, les échanges argumentés avec la DIMENC ont été nombreux, dit le communiqué. Malheureusement ni la richesse, ni la fréquence de ces échanges n’auront permis la délivrance des autorisations d’exploitation nécessaires à la poursuite des activités minières sur le site. » Si cette décision de mise en sécurité du site de Poum, correspondant en fait à cette fermeture, c’est qu’à l’évidence les ponts sont coupés entre la SLN et la province Nord. On en a un aperçu avec le communiqué publié hier également et signé de Paul Néaoutyine.
Forfaiture ?
Le président de la province Nord intervient en effet lui aussi, mais de manière extrêmement virulente, dans le dossier. Dans un long communiqué, Paul Néaoutyine estime que la situation actuelle a été créée par la Sonarep pour sa gestion et par la SLN. « La SLN-Eramet, écrit-il, avec l’appui de la SONAREP et de la commune de Poum, a décidé seule de déployer dès 2019, son nouveau modèle d’exploitation et ouvert des chantiers sur le massif de Poum, sachant pertinemment qu’elle ne disposait pas de toutes les autorisations administratives requises. Ainsi et après avoir exporté 2,6 millions de tonnes humides de minerai depuis Poum entre avril 2019 et décembre 2022, elle ne peut pas décemment se réveiller en janvier 2023 et déplorer l’absence d’autorisation d’exploiter. La SLN ne peut pas décemment clamer aujourd’hui qu’elle vit collectivement un drame quand il s’avère qu’elle a elle-même contribué à ce drame en s’abstenant de s’acquitter de ses obligations réglementaires, notamment entre 2020 et 2021. » Le président de la province Nord qui s’en prend également à l’État comme aux élus non-indépendantistes. « J’assume mes responsabilités, écrit Paul Néaoutyine, et je reste opposé à l’exportation de minerai brut, et a fortiori de la part des métallurgistes, ici la SLN s’agissant de Poum. Ce n’est pas le rapport de l’IGF ni les déclarations du Président de la République qui changeront les choses. » Quant aux critiques formulées à l’encontre de la « doctrine nickel », le président de la province Nord estime qu’elles visent surtout le Code Minier adopté à l’unanimité par le Congrès de la Nouvelle Calédonie en 2009 et qui encadre les exportations de minerais bruts. Un communiqué qui se conclut ainsi, « je ne suis pas d’accord pour que l’État se réapproprie, à ses desseins, une compétence déjà transférée et que les élus calédoniens en profitent pour détricoter le code minier. Je ne me prêterai pas à cette forfaiture. » Le député de la seconde circonscription, ainsi de la province Nord a demandé à Paul Néaoutyine de reconsidérer sa position. « Le rapport de l’IGF, écrit Nicolas Metzdorf, est clair et indique que l’augmentation de l’exportation de minerai brut est indispensable afin d’atteindre un point d’équilibre entre incitation à développer l’activité métallurgique sur le territoire et nécessite de rétablir sa profitabilité. » Et il conclut : « On ne saurait pour des raisons dogmatiques laisser plus longtemps les salariés et sous-traitants du massif
de Poum dans la difficulté. »