Rencontre avec… Levay Roy

C’est le nouveau président du Comité organisateur de la Foire de Bourail, dont c’est cette année la 46e édition. L’occasion d’évoquer ce grand évènement de la brousse.

Dans un contexte de crise agricole, quel peut être l’impact de la foire de Bourail ?

Levay Roy : Clairement, la foire de Bourail est un organe agricole calédonien. Souvent, les représentants du monde agricole travaillent, discutent, négocient avec les institutions. La foire de Bourail donne le droit à tout le monde de voir l’agriculture calédonienne et d’en parler. Tous les acteurs sont présents, et peuvent rencontrer autant les institutionnels que les consommateurs, et c’est ça la foire de Bourail. La rencontre, l’échange et la fête. Et il se passe toujours quelque chose lors de ces trois jours. Il faut savoir qu’en Nouvelle-Calédonie, il n’y a pas de congrès agricole, ça n’existe pas. Nos congrès agricoles, c’est la foire de Koumac, celle de Bourail. On s’y retrouve, on parle de tout, et surtout on parle de nos difficultés, de nos soucis. Mais oui il s’y passe des choses. On note les efforts des uns et des autres à animer leurs stands, en valorisant leurs services, on est clairement dans la professionnalisation du monde agricole. La Chambre d’agriculture et les institutions organisent des table-rondes, des rencontres. Et ce qui fait la réputation de cet évènement, c’est que Bourail, c’est le centre agricole de la Nouvelle-Calédonie, la concentration d’éleveurs et d’agriculteurs y est très importante, et puis c’est la plus vieille foire agricole de Calédonie.

Pourtant, ça n’est pas simple d’organiser un tel évènement, c’est presque même un combat.

L.R : Oh oui, cela fait des années que nous rencontrons des difficultés, Andrew Bone, l’ancien président s’est démené. Cette année encore, pour des raisons financières, on a bien failli ne pas pouvoir organiser la foire ! Aussi encore une fois, je tiens à remercier nos partenaires privés qui nous accompagnent, mais aussi la mairie de Bourail et la province Sud dont le soutien est sans faille depuis de longues années. La foire de Bourail, c’est 63 millions de budget de fonctionnement.

Et la foire de Bourail, ça pèse économiquement ?

L.R : C’est simple, demain pour avoir un hébergement sur Bourail pendant la semaine de foire, c’est impossible ! Les réservations sont faites parfois un an à l’avance. Si l’on parle de retombées économiques des trois jours de foire, on peut les estimer aux environs de 400 millions de francs. Et puis, la Foire de Bourail draine sur ces trois jours 10% de la population calédonienne, puisque l’on tourne en moyenne à 25 000 visiteurs.

Parmi les animations proposées, il y a évidemment les concours d’animaux. Qu’est-ce qu’ils apportent à un éleveur ?

L.R : C’est l’illustration du bon travail, tout simplement. C’est l’illustration du savoir-faire de l’éleveur, et de sa passion pour son métier. Mais cela réclame d’énormes coûts financiers, présenter une bête à la foire de Bourail, c’est au moins trois ans d’organisation. Et puis notre viande est de qualité, elle a été présentée au Salon de Paris, on a d’importants retours car clairement, on fait de la qualité. Notre viande n’a rien à envier à celle du Vanuatu, elle est peut-être meilleure. Il faut juste rappeler que nos agriculteurs sont des professionnels, il faut les porter, mais ils sont davantage focalisés sur l’exploitation que sur la communication. Ils ont le savoir-faire, il faut le faire savoir.

Dans son discours place des Cocotiers, le président de la République a longuement évoqué le dossier de l’agriculture, comment le monde agricole l’a-t-il ressenti ?

L.R : Ça a été très bien vécu par le monde agricole, en particulier pour la jeunesse agricole. Notre coût fixe le plus cher, c’est le foncier. Ce dont a parlé le président, à savoir l’aménagement du foncier, pour les jeunes, ca nous pose un cadre et nous fixe une trajectoire. Il reste maintenant à avancer concrètement sur une stratégie calédonienne agricole.

C’est votre première fois en tant que président du comité organisateur, qu’en attendez-vous ?

L.R : Je suis bouraillais, fils d’agriculteur, métis, la foire c’est un peu mon Disneyland. Quand j’étais enfant, j’attendais le 15 août et la foire avec impatience. Pour moi cette foire a une histoire, un cœur, une odeur. Ce que j’en attend, c’est cette ouverture sur le monde rural, cette ambiance, et que l’on continue à avoir cette tradition rurale.

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