Il y a des discours qui marquent l’Histoire, on en fait des recueils pour mieux comprendre la force du verbe et la beauté des idées. Et puis il y a des discours qui, comme on dit, passent à l’as. On ne s’en souvient plus parce qu’ils étaient mal écrits, mal prononcés, ou bien parce qu’ils étaient redondants. Les discours de Daniel Goa ne demeureront pas à la postérité, n’en déplaise à leurs auteurs. La virulence, l’outrance, la démesure dans le vocabulaire, s’ils ont un temps suscité indignation et colère, n’impriment plus. On s’est habitué, même à entendre évoquer le nazisme en parlant de la France et de la Nouvelle-Calédonie. Mais c’est le propre de la démocratie, sa richesse et son honneur, que de permettre à chacun de s’exprimer comme il l’entend. Il en est des discours comme de la presse d’ailleurs, que certains ont hâte de clouer au pilori parce que ce qui y est dit, écrit ou filmé ne leur plait pas. Ceux-là ont d’ailleurs souvent une étonnante conception de la liberté de la presse qui ne s’applique qu’à la défense de leurs idées, les plus loufoques soient-elles, au détriment du sens commun et de la vérité. Mais il en est de ceux-là comme de Goa que l’habitude fait que l’on n’y prête plus attention.
Nicolas Vignoles