Lundi 24 juillet avait lieu la 5e édition du Concours des Miels de Nouvelle-Calédonie.
Avec 64 apiculteurs qui ont présenté 54 miels, la participation a battu des records cette année. Quinze producteurs ont été primés pour la qualité et la diversité de leurs miels, dont trois pour leur miel crémeux, un nectar plébiscité par les Calédoniens. C’était la première participation de Mathilde Richarme qui a remporté la médaille d’or pour son miel crémeux, retenu parmi ceux présentés par huit apiculteurs. Une sacrée surprise pour la jeune apicultrice qui s’est lancée dans cette spécialité agricole en 2018 après plusieurs années dans la comptabilité. « J’ai vraiment hésité à participer, j’avais peur de ne pas être légitime aux côtés de producteurs qui exercent depuis 40 ans », explique la professionnelle qui a obtenu sa carte agricole en février 2023. Cette catégorie de miels à la consistance onctueuse a été ajoutée au concours l’année dernière face à la demande croissante des consommateurs. Aujourd’hui, Mathilde Richarme exploite 28 ruches sur un terrain à la Tamoa, grâce auxquelles elle produit environ 300 à 350 kilos de ce miel crémeux et par ailleurs de miel liquide. Demain, elle n’envisage pas d’intensifier sa production, mais plutôt de la diversifier par des produits dérivés. « Pourquoi pas un stick à lèvres à la cire d’abeille », dévoile-t-elle. Ses proches ont dû insister pour que la discrète apicultrice accepte de s’inscrire au concours et ils ont eu raison. Son produit, crémeux et frais en bouche, a su convaincre le jury. La productrice confie avoir réalisé plusieurs tests avant de parvenir à ce résultat, jugé sur des critères de texture, granulométrie, homogénéité et arômes. « Le crémeux, c’est un brassage du miel particulier qui dépend de la température, des conditions dans lesquelles il est fabriqué et du savoir-faire de l’apiculteur », décrit-elle.
Une mise en lumière
Son secret de fabrication ? L’apicultrice de la Tamoa préfère ne pas le dévoiler… Toujours est-il que les 70 kilos de sa cuvée gagneront prochainement les étals, une fois l’autocollant doré apposé sur ses pots. « C’est une reconnaissance de mon travail par mes pairs. J’avais tendance à me dire qu’on est une petite île et qu’on est loin du concours agricole en termes de renommée, mais au final, les membres du jury se forment deux jours pour pouvoir goûter un miel et le juger. Le concours a donc sa légitimité et son intérêt ». Patrick Lecren, producteur de miel du maquis minier depuis 40 ans, en sait quelque chose. Ce concours local a été un véritable tremplin pour le Mont-Dorien. Il lui a permis de participer au Concours général agricole du salon international de l’agriculture 2023 à Paris, où il a remporté une médaille d’or. De quoi conférer une renommée internationale à son précieux nectar et plus largement à la filière apicole de Nouvelle-Calédonie. Un exemple à suivre pour Mathilde Richarme, dont la décision est prise : elle sera présente à Paris l’année prochaine au Salon agricole. Et peu importe le résultat, « l’important c’est d’être présente et de défendre les couleurs de nos miels calédoniens », confie l’entrepreneuse à qui sa médaille a donné des ailes.
Béryl Ziegler