Dans une vie de militaire, il y a des moments marquants. Et le tout dernier défilé, de surcroît celui du 14 juillet, en est un. Rencontre avec le Capitaine de Corvette Eric Hoarau, commando de marine au service de la France pendant plus de 30 ans.
« Mon premier défilé, c’était le 14 juillet 1993. Aujourd’hui la boucle est bouclée, je termine un cycle pour en redémarrer un autre » c’est avec une certaine émotion dans la voix qu’Éric s’exprime juste après le défilé qui s’est déroulé hier à Nouméa. Comme en 2022 c’est lui qui ouvrait le défilé à pied des hommes et des femmes de la marine nationale. « Il y a de l’émotion, mais aussi beaucoup de fierté. Un défilé militaire, et notamment celui du 14 juillet permet de renforcer le lien Armée – Nation, et c’est très important. En Nouvelle-Calédonie la marine est très bien implantée, et c’est important que les citoyens en aient conscience », explique le Capitaine de Corvette avec un large sourire.
Dans les pas de Léon Gauthier
Eric Hoarau s’est engagé très jeune dans la marine nationale « J’ai quitté l’école très tôt et je me suis engagé au sein des fusiliers marins pour devenir commando de marine », explique Eric. Brevet vert sur la tête, le Capitaine de Corvette Hoareau aura servi durant sa carrière dans deux unités prestigieuses. Le commando Jaubert, un groupe d’élite spécialisé dans l’assaut par la mer, le contre-terrorisme maritime et l’extraction de ressortissants. Et le commando de Penfentenyo spécialisé dans la reconnaissance et l’acquisition de renseignements opérationnels. Des unités qui descendent du commando Kieffer qui, le 6 juin 1944, sera la première unité de la France Libre à débarquer sur les plages de Normandie et dont Léon Gauthier le dernier survivant nous a quittés le 3 juillet dernier à l’âge de 100 ans. « J’ai eu l’honneur de rencontrer Léon Gauthier, une première fois en 1992 pour une cérémonie à Ouistreham et plus récemment en 2019 et 2020 et j’ai le souvenir de Léon Gauthier, qui avait pris le temps d’expliquer, avec une foule de détails à mes enfants, cette journée du 6 juin 1944 lorsqu’il débarqua avec les 177 du commando Kieffer. Ce moment a été un grand privilège pour mes enfants, mais aussi pour moi », explique Eric.
Les opérations extérieures
Durant toute sa carrière, le Capitaine de Corvette Hoarau aura eu « la chance », dit-il d’avoir un parcourt qui lui a permis d’avoir de « l’action », mais aussi de la réflexion en servant au sein d’un État-Major. « Tout cela m’a permis de pouvoir concourir à la grandeur de la France », déclare Eric avec fierté. Si les commandos de marine sont des unités connues et reconnues dans le monde entier, c’est parce que ces unités sont envoyées pendant de longs mois en Opex (opérations extérieures) comme on dit dans le jargon militaire. « De toutes les missions que j’ai pu faire, je garde un souvenir fort d’une Opex en Somalie. Nous avions été déployés sur place pour soutenir la population, qui vivait dans la misère. Une mission qui avait aussi pour but de faire cesser toutes actions qui avaient engendré beaucoup trop d’horreurs » se souvient Eric qui reste forcément discret sur les missions qu’il a eu à mener pendant sa carrière chez les « bérets verts ».
Que reste-t-il après 34 ans de carrière ?
Le Capitaine de Corvette Hoareau est très clair quand on lui pose la question « J’ai eu la chance de pouvoir progresser dans une institution qui est unique. L’armée a été pour moi, et elle le reste, un véritable tremplin pour celui ou celle qui a la volonté de progresser. Je suis rentré dans la marine par la petite porte, comme matelot, et aujourd’hui je suis capitaine de Corvette. En prenant un peu de recul alors qu’il me reste encore quelques mois de service, je suis fier de ce que j’ai pu faire », explique Eric en souriant. Une carrière que le Capitaine de Corvette Hoareau a « partagé » avec son épouse et ses enfants. « J’ai une femme exceptionnelle qui m’a toujours soutenu ! », déclare Eric. Hier à l’issue du défilé, Valérie l’épouse d’Éric a bien voulu nous dire quelques mots « En épousant un militaire, je savais que nous n’aurions pas une vie de couple linéaire. Eric est un homme très engagé, et ce qui m’animait durant ses absences, c’était de me dire qu’il réalisait ce qu’il souhaitait, c’est-à-dire défendre la Patrie ». Le Capitaine de Corvette Eric Hoarau va quitter la Nouvelle-Calédonie provisoirement dans quelques semaines, pour rejoindre l’état-major ALFUSCO et transmettre aux jeunes générations son savoir. Ensuite Eric ouvrira un nouveau cycle de sa vie ici en Nouvelle- Calédonie.
Lionel Sabot