Hausse des taux d’intérêt, dégradation du déficit commercial, PIB en berne. Les perspectives économiques calédoniennes ne sont pas positives. Le tout dans un contexte inflationniste.
C’est clair : l’inflation est au plus haut depuis la fin des années 1980. « On est passé d’un régime de très faible inflation qui prévalait depuis une quarantaine d’années à une très forte inflation qui touche l’ensemble des pays » explique Jérémy Charbonneau, responsable du service des études à l’IEOM. « Le conflit en Ukraine a changé la donne puisque l’inflation s’est installée durablement avec une très forte augmentation des prix, notamment des matières premières », précise-t-il et ce phénomène concerne de très nombreux pays, dont la Nouvelle-Calédonie.
Pas simple de faire ses courses !
En Nouvelle-Calédonie, nous n’échappons pas à cette dynamique avec un taux d’inflation de 3% sur les douze derniers mois. « Quand on oscille entre -2 et 2%, c’est un rythme d’inflation normal, précise Jérémy Charbonneau. Dès qu’on passe au-dessus de 2% durablement, c’est un symptôme d’une économie qui ne va pas forcément bien. » Nous voilà donc prévenus. D’autant que les hausses de prix touchent directement notre quotidien, elles sont en effet particulièrement importantes pour l’alimentation qui ont augmenté de 6,8 % et pour l’énergie avec une hausse de 6,4 %, précise l’Institut d’Émission d’Outremer. Et ce ne sont pas que des statistiques, on peut se rendre compte de la situation tous les jours en faisant ses courses. Les prix de l’alimentation ne cessent de grimper, que les produits soient locaux ou importés. Une situation qui alarme même la Grande distribution qui constate une désaffection de ses magasins et une baisse du volume des ventes. Cette inflation forte s’installe et perdure dans un contexte de cherté de la vie dont souffre la Nouvelle-Calédonie depuis des années. Et cela a des conséquences bien sûr.
Un enchaînement
Dans sa note de conjoncture du 1er trimestre 2023, l’IEOM note « qu’après un environnement économique plutôt favorable en 2022, les indicateurs du premier trimestre 2023 semblent moins bien orientés : les perspectives d’activité et d’investissement des entreprises sont moins optimistes. » Et parce qu’elles manquent de visibilité, les entreprises anticipent une dégradation de leur activité au second trimestre. Ce qui explique que l’ICA, l’Indice du Climat des Affaires, marquait un tassement au 1er trimestre. Quelle va donc être la suite ? Pour Jérémy Charbonneau, « l’ensemble des économies développées prévoit un fort ralentissement de l’activité en 2023. De plus, on a une persistance des tensions inflationnistes mondiales qui continuent d’affecter l’économie calédonienne : même si les banques centrales ont réagi tôt, il faut compter un an avant que les mesures fassent effet. 2023 sera donc encore une année caractérisée par une inflation au-delà des valeurs souhaitables. Ces tensions inflationnistes affectent le pouvoir d’achat des ménages, les marges des entreprises et les conditions de financement. »
Kim Jandot