Le directeur régional des douanes suit avec une attention particulière l’évolution du trafic de stupéfiants en Calédonie et autour.
Benoit Godart est transparent quant aux priorités de l’administration qu’il dirige depuis deux ans. « Notre point d’attention particulier, c’est la lutte contre les stupéfiants. » Le directeur régional des douanes ne s’en cache pas : la « première préoccupation, c’est le cannabis. Le Calédonien a la main verte, ça pousse facilement, le climat s’y prête, le territoire aussi. On a une production locale assez importante, essentiellement dans les Îles, sur la côte Est et dans le Nord. Les gendarmes peuvent avoir un point d’attention particulier sur la production, les policiers sur les zones de distribution parce qu’il y a pas mal de points de deal dans l’agglomération de Nouméa, et entre les deux la douane se fait un plaisir de faire des contrôles sur différents vecteurs, la route, les liaisons maritimes et les liaisons aériennes. » Une surveillance coordonnée qui donne des résultats. « L’année dernière, 90 kilos d’herbe ont été saisis, tous services confondus. On est sur une tendance qui est à peu près constante », précise Benoit Godart.
De nouveaux produits
« Le deuxième point d’attention, ça concerne les produits du type cocaïne, méthamphétamine, LSD, drogues de synthèse… Là, on a une recrudescence des activités d’importation illégale. On avait l’équivalent d,1,1 kilo l’année dernière en une multitude de petites affaires. Cette année, on a déjà saisi 1 kilo de cocaïne au mois de février en une affaire. Et sur ce dossier, on a encore 1,5 kilo qui était attaché au même réseau, donc ça fait 2,5 kilos qui sont rentrés sur le territoire dans le cadre de cette filière qui venait de Métropole, par fret aérien. » On note également « une augmentation de la teneur, avec des produits qui ont maintenant un taux de pureté extrêmement élevé : ce qui fait que ces marchandises, lorsqu’elles arrivent, peuvent être à la fois coupées et donc avoir une distribution encore plus importante qu’avant. »
Le gradé poursuit. « Le troisième point d’attention, c’est ce qu’on appelle le narcotrafic. La Calédonie se trouve sur la route de la cocaïne entre l’Amérique du Sud et les marchés australiens et néo-zélandais. Le marché australien est approvisionné essentiellement en cocaïne, celui de la Nouvelle-Zélande principalement en méthamphétamine, qui est surtout produite au Mexique. Là, ça se fait essentiellement par voie maritime. Depuis 2012, la douane a saisi ou fait saisir 3,5 tonnes de cocaïne, avec un pic en 2017. Pour la méthamphétamine, on a eu 1 tonne en 2020 : on a donné le renseignement et nos collègues australiens ont intercepté le bateau, dans leurs eaux. On est en vigilance permanente sur cette préoccupation. »
Moins dramatique qu’ailleurs
Enfin, poursuit Benoit Godart, « le dernier point d’attention c’est la partie précurseurs. Ce sont des produits chimiques qui permettent de fabriquer des drogues de synthèse. C’est le cas de la mésenphétamine. On a mis en place un dispositif qui permet de suivre les marchandises qui rentrent de manière régulière avec les hôpitaux ou les entreprises. On essaie d’anticiper en se mettant sur des problématiques qui ne sont pas encore présentes mais qui pourraient nous arriver. On a le même souci avec l’ice, qui est un problème majeur en Polynésie française, un vrai fléau. C’est un produit addictif, qui vient essentiellement des Etats-Unis » et jusque-là non présent en Calédonie. Plus globalement, « quand je vois la situation aux Caraïbes, en Europe, aux Etats-Unis ou en Australie, on est encore préservés, mais on est extrêmement vigilants et on se dit qu’à un moment ou à un autre, on y sera confrontés ».
A.F.