Le vote des comptes administratifs de la Nouvelle-Calédonie est, en général, un exercice convenu, et passablement ennuyeux. Mais vendredi dernier, Boulevard Vauban, la situation économique actuelle a brusquement fait irruption dans le débat. Une séance conclue par ce constat quelque peu terrifiant : la Nouvelle-Calédonie est au bord de la cession de paiement. Choc.
Les ratios financiers sont dans le rouge, l’épargne brute est en baisse de 14%, le taux d’endettement a atteint une cote record avec 201%. Et surtout, ce constat terrible : le fonds de roulement se réduit à 6 jours de dépenses de fonctionnement et d’investissement. “En marche vers la cessation de paiement”, avoue Yannick Slamet. Mais alors que s’est-il passé ? Rien ne laissait présager une telle situation, avec des résultats 2022 à la hausse. Trois facteurs sont en cause : la dégradation économique, avec l’absence de relance, une gestion discutable des comptes publics et sociaux, et un poids exorbitant des fonctions publiques pour un territoire comptant 50.000 contribuables avec une économie en berne.
La coupable absence de stratégie de relance
A force de n’évoquer que de nouveaux impôts, le gouvernement a oublié que ce sont les entreprises qui alimentent les recettes fiscales et sociales, assurant la rémunération des fonctionnaires et agents publics, tout en finançant la réduction des inégalités. Avoir négligé la relance économique est une faute. D’autant que la dépense publique est soumise à trois dérives. Les institutions, résultant de l’Accord de Nouméa, ont développé 3 administrations pour une collectivité de 270.000 habitants, avec au total une dépense publique que ne peut supporter une économie de petite échelle, de surcroît en difficulté.
Une seule solution : La République, c’est-à-dire l’État
Une réunion des responsables institutionnels et de l’État va avoir lieu jeudi prochain. Il leur faudra constater que les banques refusent de nouveaux prêts de trésorerie au territoire, à une exception près, et donc que la Calédonie est devenue un client à risque. Que reste-t-il alors ? Une nouvelle garantie de l’État pour l’injection d’un prêt supplémentaire ? Une subvention ? Un peu des deux ? Le président de la République sera présent en fin de mois. Une belle occasion, pour lui, de démontrer la bienveillance de la France en même temps que la chance, pour nous, d’être au sein d’un État puissant et possiblement généreux. Est-ce lui qui annoncera la solution ?