Emmanuel Macron appelle à « reconstruire le fil de cette histoire commune »

Dans une lettre que nous nous sommes procurée, le chef de l’Etat appelle de nouveau au « retour du dialogue », à « la levée ferme et définitive de tous les barrages » mais aussi à la « constitution d’un nouveau contrat social » alors que la Calédonie est en proie aux émeutes depuis cinq semaines maintenant.

Sa venue sur le territoire le 23 mai dernier n’aura rien changé à la crise insurrectionnelle. Les barrages, les incendies et les exactions se sont poursuivis (et se poursuivent encore) dans de nombreux quartiers du Grand Nouméa. C’est dans ce contexte, cinq semaines après le début des émeutes, qu’Emmanuel Macron a décidé d’écrire une lettre destinée « aux Calédoniens ». Elle n’est pas datée, elle ne possède pas d’en-tête particulier, mais la provenance nous a bel et bien été confirmée. « Le 13 mai dernier un fil a été rompu ; celui tissé partiellement depuis 1988 par ceux qui avaient compris que les mots valent toujours mieux que les morts. Ce fil fragile et précieux, il appartient aujourd’hui à tous les hommes et les femmes de bonne volonté de le reprendre pour le renouer et le tisser à nouveau », a-t-il débuté, alors que « le destin commun de la Nouvelle-Calédonie ne peut rester une promesse vaine ».

Pour le chef de l’Etat, qui estime que « chaque vie perdue est une nouvelle victime de l’Histoire », « le temps de la parole et du partage doit revenir afin de mettre des mots sur ce qu’il s’est passé ». Évoquant la poignée de main Lafleur-Tjibaou et l’accord de Nouméa, qui « qui a ouvert une perspective autour d’un destin commun » et qui « a créé une trajectoire pour la Nouvelle-Calédonie », Emmanuel Macron rappelle que « cet accord a aussi prévu un rendez-vous des Calédoniens avec leur histoire. Les consultations prévues par l’accord ont été organisées et les Calédoniens ont exprimé leur choix. C’est aussi un choix qui nous engage collectivement. »

« Un avenir commun qui demeure à construire »

« Depuis, malgré les réunions et les échanges nombreux, il n’a pas été possible de trouver un accord global. Après le 13 mai dernier, nous devons constater qu’au-delà de cet accord, c’est un avenir commun qui demeure à construire. L’ampleur des destructions, dans tous leurs aspects, moraux et matériels, imposera un effort collectif des Calédoniens avec le soutien de l’Etat et donc de tous les Français. Pour cela, chacun doit se mettre à la hauteur des enjeux, saisir les mains tendues. Des divergences demeurent. Elles ne doivent pas occulter les convergences nombreuses et solides qui existent aussi, patiemment édifiées depuis plus de trente ans », a-t-il enchaîné, ajoutant qu’il était « plus que jamais nécessaire de se former un peuple » tout en « reconnaissant la légitimité de chacun ». 

Ce retour au dialogue, souhaité par le chef de l’Etat, doit « permettre de définir un projet de société commun à tous les citoyens calédoniens dans le respect de leur histoire, de leur identité propre et de leurs aspirations ». « Ce dialogue devra naturellement porter sur la nature des liens qui seront tissés avec la France, des liens unissant sans entraver, des liens de solidarité mutuels, des liens qui permettent à la Nouvelle-Calédonie et à ses citoyens de tirer le meilleur de la richesse, de la culture, de la beauté de ce pays. C’est bien la constitution d’un nouveau contrat social calédonien qui doit être désormais envisagé. Il faut toujours plus de temps pour construire que pour détruire. Mais la patience est toujours la condition de l’espérance ».

« Ne pas céder aux pressions et au désarroi »

Si la France « accompagne la Nouvelle-Calédonie dans un choix qui appartient à son peuple », le chef de l’État, qui a notamment rappelé la suspension du projet de réforme constitutionnelle, attend dorénavant « la levée ferme et définitive de tous les barrages et la condamnation des violences sans faux-semblants. La situation dans laquelle la Nouvelle-Calédonie a été réduite par quelques-uns demeure inadmissible et ceux qui l’ont encouragée devront répondre de leurs actes. J’encourage tous les Calédoniens à ne pas céder aux pressions et au désarroi mais à se dresser pour reconstruire et pour reprendre le fil de cette histoire commune qui fait notre honneur dans le Pacifique », a-t-il poursuivi.

« J’ai confiance en notre capacité à trouver ensemble le chemin du respect, de l’ambition partagée, de l’avenir », conclut ainsi, de manière manuscrite, le chef de l’Etat.

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