Les policiers viennent de mettre à jour un trafic d’herbe entre Houaïlou et Nouméa. Plusieurs personnes ont été interpellées et plus de 300 pieds de cannabis arrachés. Particularité de l’affaire, les cannabiculteurs utilisaient une « logeuse » pour stocker la drogue.
L’odeur n’était pas trompeuse… Les policiers de l’Unité de lutte contre les stupéfiants viennent de clore une enquête particulièrement fouillée qui a conduit au démantèlement d’un trafic de cannabis entre la Côte Est et Nouméa et l’interpellation de plusieurs personnes soupçonnées d’y participer depuis au moins deux ans. L’affaire démarre sur un coup de chance : le 23 novembre dernier, un équipage de la brigade anti-criminalité (Bac), en patrouille dans le secteur de Portes de fer (Nouméa), prend en filature une voiture suspecte aux fenêtres ouvertes. Détail pas si anodin car une forte odeur de marijuana chatouille le nez des fonctionnaires de police. Et ils ne s’y trompent pas.
Flairant la bonne affaire, ils contrôlent l’automobiliste et son passager sur qui il est retrouvé une dizaine de petits sachets conditionnés d’herbe de cannabis et un billet de 10 000 francs. Le duo est aussitôt menotté et conduit au commissariat central. Les enquêteurs de l’Unité de lutte contre les stupéfiants prennent alors le relais. Et si les premières auditions en garde à vue n’apportent pas grand-chose, les suspects racontant être venus à Nouméa pour acheter des pièces automobiles, l’exploitation du téléphone portable de l’un d’eux va complètement changer la donne.
De multiples allers-retours
Les policiers retrouvent en effet des dizaines de photos prises dans un champ de cannabis et un fichier contenant l’identité de plusieurs personnes pouvant être des clients. Réentendu, le suspect change alors de version et passe à table, avouant qu’il est à la tête d’un trafic d’herbe depuis au moins deux ans et qu’il cultive, avec des complices, sa production dans un champ, à l’abri des regards, à Houaïlou. Il raconte aussi qu’il a effectué plusieurs voyages à Nouméa pour écouler sa marchandise, ce qui lui permettait de générer, à minima, 100 000 francs de chiffre d’affaires mensuel. Les policiers pensent que le profit est bien au-dessus de ses aveux. En huit mois, il avait effectué presque vingt allers-retours.
Les gendarmes sont alors requis pour effectuer une perquisition au domicile de ses parents ainsi que chez un de ses complices à Houaïlou. Les recherches s’avèrent fructueuses : des centaines de pieds et de plantules sont arrachées ainsi que de l’herbe séchée prête à la vente est saisie. Plutôt bien organisée, la tête de ce réseau rétribuait un complice qui avait la charge de lui garder en sécurité sa marchandise. Chaque mois, ils convoyaient ensuite la drogue vers la capitale pour approvisionner les points de vente et les différents clients.
Un trafic et de gros profits
Les policiers ont ainsi tenté de démêler les rôles respectifs des suspects dans ce dossier. Plus précisément le rôle d’une femme qui avait fourni une aide au réseau. Dans le jargon policier, on appelle ça « une logeuse ». La perquisition de son domicile à Dumbéa-sur-mer avait ainsi permis de découvrir quelques grammes de cannabis dissimulés dans un four hors d’usage. Auditionnée librement, elle confie aux policiers qu’elle vit sous la menace du trafiquant et de son groupe qui utilisaient son appartement comme lieu de stockage de la drogue. La quadragénaire détaillait le mode opératoire du réseau et admettait qu’elle n’avait jamais révélé ces faits aux autorités judiciaires, de peur d’être frappée.
Après le recoupement de plusieurs éléments, les enquêteurs de la direction territoriale de la police nationale (DTPN) ont estimé que le gain de ce trafic dépassait largement les deux millions de francs.
Une fois le délai des 48 heures de garde à vue expiré, le parquet de Nouméa a décidé de convoquer en justice deux des principaux protagonistes du réseau en septembre prochain. En attendant leur procès, ils ont été remis en liberté.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche