Lors de la session d’ouverture du sommet à Paris, mercredi 2 juillet, la présidente du Medef-NC, Mimsy Daly, s’est exprimée au nom du monde économique. Un discours lucide, pragmatique et porteur d’une exigence : « celle d’un avenir viable » pour un territoire « profondément meurtri, mais debout ».
« L’économie calédonienne n’a jamais été aussi affaiblie. Elle est en faillite », a-t-elle lancé d’entrée de jeu. Un an après les émeutes de mai 2024, Mimsy Daly a décrit « des ruines matérielles, mais aussi des fractures morales ». Et des conséquences très concrètes : « Se nourrir, se loger, se déplacer, se soigner » relèvent désormais du défi quotidien pour des milliers de Calédoniens.
Au-delà de cet état des lieux, la présidente de l’organisation patronale a interpellé le public : « La Nouvelle-Calédonie veut-elle s’engager clairement sur le chemin du développement économique et social ? » Un chemin qu’elle oppose à « la fermeture aux compétences, aux investisseurs, aux projets » et à « la suradministration, le cloisonnement ou le repli ». À ce titre, un constat sévère du bilan économique de l’Accord de Nouméa a été dressé : « La dépense publique représente historiquement 55 % du PIB. Elle atteint 75 % aujourd’hui. C’est insoutenable. Et pour autant, cela n’a pas été suffisant ».
Avec « 32 % des plus de 25 ans sans diplôme », « 85 % des biens de consommation importés » et « une administration pléthorique », le modèle actuel « n’est pas soutenable ».
Face à ce constat, la chef d’entreprise a appelé à un « véritable accord de développement économique et social », fondé sur cinq piliers : rationaliser la dépense publique, simplifier les institutions, libérer les initiatives privées, valoriser les terres coutumières et « clarifier les règles de citoyenneté ». Avant de conclure : « Il n’y aura pas de paix durable sans emploi, pas de cohésion sans croissance, pas de société apaisée sans économie vivante ».
En phase avec Emmanuel Macron
« Sans le soutien de la République, il n’y a pas de salut pour la Nouvelle-Calédonie », a martelé Emmanuel Macron. Un constat partagé par la délégation patronale, convaincue que le territoire n’a jamais été aussi dépendant de la France, que ce soit en matière d’économie, de finances publiques, de système social ou d’industrie du nickel. À l’instar du chef de l’État, la société civile est favorable à une période de stabilité et de reconstruction de quinze à vingt ans, pour permettre à la Nouvelle-Calédonie de se relever pleinement des violences et de la crise actuelle. Un redressement nécessaire au territoire avant de prendre une quelconque décision concernant son avenir institutionnel.
Quant au nouveau statut à définir, le monde économique souhaite le voir soumis à un référendum de projet, tout comme le président de la République qui entend laisser la porte ouverte à toutes les options.
Béryl Ziegler