Mardi soir, plus de 400 personnes se sont retrouvées au Méridien, à Nouméa, pour assister à la conférence d’Éric Descheemaeker, animée par la journaliste Elizabeth Nouar, de RRB.
Juriste, professeur de droit à l’université de Melbourne, spécialiste entre autres du droit en Outre-mer, Éric Descheemaeker publie régulièrement sur la Nouvelle-Calédonie dans diverses revues spécialisées, hebdomadaires et quotidiens, ainsi que dans Le Figaro. Lors de cette conférence, il a abordé de nombreux sujets, soulignant les ambiguïtés mortifères de l’accord de Nouméa, accord arrivé à son terme et qui, selon lui, ne devrait être ni réitéré ni copié. Si l’accord de Nouméa a créé une large autonomie, le constat dressé par le conférencier est que la « Nouvelle-Calédonie est trop autonome, mal autonome et autonome toute seule ». Cela se manifeste par le transfert de nombreuses compétences qui font de la Calédonie un « proto-État », mais qui ne dispose pas des moyens et expériences pour bien exercer ces compétences. Il prend ainsi l’exemple du transfert du code civil, dont les évolutions nationales apportées en 2016 n’ont pas été appliquées ici, ce qui va créer des problématiques d’interprétation juridique, et fige le droit civil par rapport à la Métropole. Pour Éric Descheemaeker, l’accord de Nouméa a été conçu par l’État effectivement comme une « trajectoire vers la pleine souveraineté », sauf que le résultat des trois référendums a été le grain de sable dans les rouages.
Vers un accord définitif
Évoquant les discussions actuellement en cours, déplorant que Manuel Valls les aborde avec un logiciel datant de Michel Rocard, et s’il doute de la capacité de parvenir à un accord, Éric Descheemaeker souligne qu’il serait catastrophique pour la Nouvelle-Calédonie que cet accord ne soit à nouveau pas définitif, mais transitoire. Il prône une vision d’évolution statutaire globale et cohérente pour tous les Outre-mer, souhaitant que la Nouvelle-Calédonie ne demeure pas une exception. Constitutionnelle, estimant que « qui dit exception, dit anomalie ».
Si son constat est sans nuance, parfois même un peu provocateur ou iconoclaste, Éric Descheemaeker ne veut désespérer ni de la Nouvelle-Calédonie ni des Calédoniens. « L’avenir, dit-il, sera ce que nous en ferons ».
Nicolas Vignoles