Ultra-violent avec sa compagne en pleine rue, il est repéré grâce à la vidéosurveillance

Cela s’est passé vendredi en début de soirée, à Dumbéa. Jugé mardi matin en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Nouméa, l’homme a été condamné à neuf mois de prison ferme (une peine aménagée en bracelet électronique). Il devra également suivre un stage contre les violences intrafamiliales.

Sans une caméra de surveillance, un agent derrière l’écran pour voir la scène et une patrouille de gendarmerie pour intervenir rapidement sur les lieux, cette affaire n’aurait jamais existé aux yeux de la justice. Dommage pour la victime, qui a subi les foudres de son compagnon. Celui-ci n’a pas été tendre : il a commencé par l’attraper par les cheveux, les tirant avec force, avant de lui asséner un coup de tête en plein visage, et d’enchaîner en la saisissant par la gorge avec un bras ascendant, jusqu’à ce que les pieds de la malheureuse ne touchent plus le sol. La scène, d’une durée d’une minute et quarante-sept secondes, entre 18h57’11 et 18h58’58, se termine avec l’homme qui maintient la femme par les bras, avec à proximité un témoin qui ne tente pas de s’interposer.

Lorsque les militaires arrivent, le couple, ensemble depuis un an, est à un arrêt de bus, calme. Des violences ? Ah, non, pas du tout, répondent-ils. Confrontée à la réalité des faits (des traces sous l’œil gauche et dans le cou), la jeune femme finit par reconnaître ce qui vient de se passer. L’homme est interpellé, placé en garde à vue, et présenté deux jours plus tard, dimanche, devant le procureur puis devant le juge des libertés et de la détention, lequel a décidé de l’incarcérer en attendant son procès, mardi.

« Je me suis laissé emporter »

Lors de cette audience, dans une salle où la climatisation fonctionne à nouveau (tellement bien que la présidente a fini par demander de l’éteindre), l’homme s’est expliqué sur son coup de chaud. Avec sa compagne, ils avaient bu depuis la veille, puis devaient partir, en car, direction Canala. Attirée par un groupe de garçons, elle aurait changé d’avis, souhaitant jouer les prolongations. Excédé, l’homme a donné le coup de sifflet final. « C’est quoi, le but ? », lui demande la présidente du tribunal. « De rentrer avec elle à la maison », explique le prévenu. « Pourquoi, d’un coup, la frapper ? », l’interroge la magistrate. « Je me suis laissé emporter », répond le compagnon violent. « Avec ce genre de mots employés, il ne faut pas croire que vous n’êtes pas responsable : votre corps, il n’agit pas sans votre tête », quand bien même il y a eu consommation d’alcool, laquelle d’ailleurs en justice n’est pas une circonstance atténuante mais aggravante. « Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ce genre de violences : coup de tête, et soulever comme ça… Vous en pensez quoi ? », pose la présidente. « Que c’est mal. Si elle veut se séparer, je l’accepte. » Le prévenu ajoute : « je suis désolé pour madame ».

« Je n’ai peut-être pas écoutée… »

Le regard de la présidente se tourne vers la droite, jusqu’à se poser sur la victime : « madame, vous souhaitez poursuivre cette relation ? » La réponse de la jeune femme, qui ne s’est pas constituée partie civile et qui a refusé d’être examinée par un médecin, a de quoi surprendre. « Oui. J’étais alcoolisée, c’était peut-être aussi de ma faute, je n’ai peut-être pas écoutée… » La magistrate saisit la perche tendue. « Il n’y a rien qui justifie qu’on s’en prenne à une personne de cette manière », lui dit-elle, soulignant qu’elle a possiblement, de par son passé, intégré la violence conjugale comme quelque chose de normal alors que ça ne doit pas l’être, avant de l’inciter à « peut-être réfléchir, travailler, en parler » afin de mieux déterminer la limite entre dispute acceptable et violence inacceptable.

Le débat se recentre sur l’homme, interrogé cette fois par un assesseur : au final, « vous auriez dû faire quoi ? » Le prévenu a la bonne réponse : « la laisser ».

« C’est un fait isolé », l’a défendu Maître Philippine Chamoun. « Il avait peur qu’elle reste seule avec ce groupe de garçons. » Et « quand il dit ‘’il n’y a pas de problème’’ », il ne minimise pas mais veut simplement signifier qu’« il n’y aura plus de problème » : « il faut lire entre les lignes », implore l’avocate en s’adressant au tribunal. Pour ne pas être désocialisé, « il faut qu’il travaille, il faut qu’il ait une seconde chance », qu’il ne soit pas placé au Camp-Est.

Après délibération, le tribunal a suivi la volonté de l’avocate.

Anthony Fillet

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