D’après le bilan définitif de l’Observatoire national ministériel de la Sécurité routière publié la semaine dernière, la Nouvelle-Calédonie enregistre une baisse de la mortalité routière en 2024, mais ce résultat s’explique avant tout par les restrictions liées aux émeutes.
Avec 33 personnes qui ont perdu la vie sur les routes du Caillou en 2024, contre 51 en 2023 et 70 en 2022, les chiffres semblent à première vue encourageants. Cette baisse de 35% par rapport à 2023 pourrait laisser croire à une amélioration significative du comportement des conducteurs calédoniens. Pourtant, la réalité n’est pas tout à fait celle-là. Si les routes calédoniennes ont été moins meurtrières en 2024, c’est avant tout parce qu’elles ont été largement désertées pendant plusieurs mois. Les émeutes qui ont secoué l’archipel de mai à novembre ont considérablement réduit la circulation, notamment en raison des couvre-feux, des restrictions liées à la vente d’alcool, des barrages et de l’insécurité générale qui régnait sur le territoire.
Décès en Outre-mer et en Métropole en hausse
Cette situation particulière du territoire contraste avec la tendance observée dans l’ensemble des territoires ultramarins. 239 personnes sont décédées sur les routes en Outre-mer en 2024, marquant une légère hausse de 3% par rapport à 2023 (+8 morts) pour l’ensemble des territoires d’Outre-mer. Cette mortalité se répartit entre 160 tués dans les DROM (Martinique, Guadeloupe, Mayotte, Réunion, Guyane) et 79 tués dans les autres territoires (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon). Le taux de mortalité routière s’établit à 84 personnes tuées par million d’habitants, avec 73 tués par million d’habitants dans les DROM contre 128 dans les autres territoires d’Outre-mer. Par ailleurs, 4 300 personnes ont été blessées (+2% par rapport à 2023).
Du côté de l’Hexagone, 3 193 personnes sont décédées en 2024, soit 26 tués de plus qu’en 2023 (+0,8%). 2 465 hommes et 728 femmes ont trouvé la mort sur les routes de France. Concernant le nombre total de blessés, il atteint 236 000 personnes, marquant une légère progression de 0,3% par rapport à 2023, tandis que les blessures graves demeurent stables avec environ 16 000 cas. Sur cinq ans, l’évolution reste favorable avec une diminution de 1,6% des décès et de 1,4% du nombre total de blessés par rapport à 2019.
Une année 2025 qui commence mal
Depuis janvier 2025, selon les résultats provisoires de l’Observatoire de la sécurité routière et la DITTT, le nombre s’élève à 14 victimes décédées dans 14 accidents différents au 2 juin 2025 sur le Caillou, soit déjà près de la moitié du total de l’an passé en seulement cinq mois. Cette reprise inquiétante de la mortalité routière coïncide avec le retour progressif à la normale de la circulation sur l’ensemble du territoire. Les accidents se répartissent entre les trois provinces : 50 % dans le Sud, 42,9% dans le Nord et 7,1% dans les Îles Loyauté. Pour le début d’année 2025 les conducteurs de véhicules légers représentent 78,6% des victimes (11 sur 14), suivis des piétons (28,6%) et des usagers de deux-roues (7,1%).
Les comportements à risque restent préoccupants avec la présence d’alcool dans 60% des cas et de cannabis détecté dans 40% des cas analysés, une vitesse inadaptée dans 50% des accidents et un défaut de permis de conduire également dans 50% des situations. Le non-port de la ceinture de sécurité concerne 54,4% des cas. La répartition des accidents sur les différents réseaux routiers (municipal, territorial et provincial à parts égales) illustre la diversité géographique des sinistres.
Claire Rio-Pennuen
