Condamné pour avoir conduit à une fusillade mortelle

Le 3 juin 2024, vers 16 h à Païta, dans le col de la Pirogue, Elie P., au volant d’un pick-up, prend en chasse un véhicule de gendarmes mobiles en repos, jusqu’à le percuter et le pousser, manquant de le faire basculer dans le vide. Les secondes suivantes sont dramatiques : un échange de coups de feu avec une quinzaine de tirs, un blessé et un mort, cousin du prévenu jugé mardi dernier par le tribunal correctionnel de Nouméa.

Près de trois heures. Un délai inhabituellement long pour traiter, à l’audience, un dossier de violences, fait remarquer, dans les dernières minutes, le représentant du ministère public, Nicolas Kerfridin, d’autant qu’il y a un seul prévenu (arrivé libre, surveillé de près par plusieurs policiers), aucun plaignant dans la salle (Me Nathalie Lepape était là pour représenter les deux gendarmes ayant déposé plainte), aucun témoin, personne dans le public. Agacement de l’avocat de la défense, Me Stéphane Bonomo : il apprécie le temps pris pour juger son client, qui risque gros dans cette histoire où un autre homme, cousin du prévenu, a perdu la vie, et où d’autres n’ont pas été loin d’y laisser leur peau eux aussi, sur fond d’émeutes, de barrages, de violences, de rumeurs et, entre autres, d’armes à feu. Trois ont été utilisées dans ce coup de folie : un fusil de chasse de calibre 12, à longue portée (par Lionel Païta, 26 ans, décédé quatre jours plus tard), et deux pistolets de type 9 millimètres (ceux des gendarmes).

Pick-up contre citadine

Le lundi 3 juin 2024, trois semaines après le début des émeutes, cinq gendarmes mobiles basés à Tontouta profitent d’un jour de repos pour aller manger dans un restaurant sur les baies, à Nouméa. Sur le chemin du retour, ils s’arrêtent à la brigade de Païta, puis commencent leur remontée. Ils sont en civil (une casquette et un bandana sont notamment décrits par le prévenu), circulent à bord de deux véhicules de location : une Nissan Micra et une Suzuki Swift. Dans leurs dépositions, ils racontent avoir été repérés à Païta nord, se faisant insulter et caillasser. Ils entament à vive allure la montée du col de la Pirogue, une quinzaine de militants indépendantistes sont au bord de la route, des barrages en forme de chicanes ralentissent la progression : les militaires sont sur leurs gardes. L’un confie que son arme est sortie, posée à côté de lui, au cas où le cortège se ferait attaquer.

C’est ce qui arrive quelques instants plus tard, dans la descente : un pick-up bleu, deux fois plus lourd, percute violemment par l’arrière la seconde voiture. Deux gendarmes sont à l’intérieur. Ils racontent que le Toyota Hilux, double cabine, se met ensuite à leur hauteur, les collant, les poussant vers le fossé. Dans ce pick-up : le conducteur (Elie P., visage dissimulé par un t-shirt noué) et deux autres hommes ramassés au début de l’action (visages dissimulés selon les gendarmes, à découvert d’après le prévenu). Parmi ces deux passagers, l’un est porteur d’un fusil. Depuis le Toyota Hilux en mouvement, Lionel Païta aurait visé les gendarmes, avant d’en sortir pour faire feu. L’un des militaires parle d’une « situation très périlleuse et dangereuse ». Un gendarme tire treize balles depuis sa voiture, un autre en tire deux.

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Anthony Fillet

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