Rencontre avec… Me Nathalie Lepape

Elle n’a pas pris de vacances depuis le début des violences liées à la crise insurrectionnelle. Me Nathalie Lepape, avocate des gendarmes depuis maintenant une décennie, ne chôme pas. Rencontre avec celle qui porte la voix de ceux qui assurent la sécurité sans jamais se plaindre.

LVDC : Après des dizaines d’audiences depuis onze mois à défendre les gendarmes, comment leur avocate se sent-elle ? Fatiguée ?

N.L. : Déterminée et convaincue. Je ne me sens pas fatiguée, parce que je pense que ce sont des gens qui font en sorte de nous défendre, et je trouve que c’est la moindre des choses que d’en faire de même.

LVDC : Combien de dossiers avez-vous eu à gérer au tribunal depuis le début de la crise insurrectionnelle en mai 2024 ?

N.L. : Je ne pourrais pas vous dire. Je crois que tous les gendarmes qui sont victimes ne portent pas plainte, parce qu’il y a beaucoup d’outrages, beaucoup d’insultes que, je pense, il ne faut pas banaliser, mais ils en subissent tellement qu’ils ne portent pas forcément plainte pour ça, alors que ce sont des violences. C’est comme des menaces de mort. C’est quotidiennement, plusieurs fois par jour, des fois pendant tout leur service qu’ils entendent ça. Donc ils ont tendance à les banaliser. Ils ont une position qui est difficile.

LVDC : Il y aurait donc pu y avoir, en justice, encore davantage de dossiers de violences sur gendarmes ?

N.L. : Tout n’a pas été porté devant le tribunal. Il y en a énormément qui ont été blessés, mais qui n’ont pas cru nécessaire de porter plainte, d’abord parce qu’on était en pleines émeutes, ce sont des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont été toujours sur le pont, pour ne pas dire sur le pied de guerre, donc ils n’ont pas forcément eu le temps. Ils n’ont pas forcément voulu, non plus. Il y en a finalement peu qui ont porté plainte au regard du nombre réel de violences commises. Et quand ils ont porté plainte, pour la plupart d’entre eux, c’est que, vraiment, ils ont été touchés, choqués. C’est sûr que pour l’un d’entre eux, recevoir un cocktail Molotov sur soi, prendre feu, c’est traumatisant ! Et vous avez ce sentiment de vous dire : « Mais on en veut à ma vie, quoi ! Moi, je fais mon travail. Et puis, c’est moi qu’on cible… » C’est horrible comme sentiment.

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Propos recueillis par Anthony Fillet

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