Air Calédonie International vient d’informer les agences calédoniennes de voyage d’une modification de leur rémunération.
Un coup de tonnerre dans le ciel calédonien ! Jusqu’à il y a un mois, les 6 dernières agences de voyage encore existantes en Nouvelle-Calédonie, percevaient 5% sur le prix hors-taxe des billets Aircalin qu’elles vendaient, ce qui représentait environ 130 millions de francs et assuraient aux agences entre 25 et 30% de leur chiffre d’affaires. A compter du 1er janvier, les agences ne recevront plus rien d’ACI.
Une société soutenue par des fonds publics contre des entreprises privées
« C’est une décision purement doctrinaire, nous a dit Vaéa Frogier la présidente du syndicat des agences de voyage. C’est-à-dire qu’ACI veut appliquer le schéma du marché européen sur lequel des compagnies pratiquent la rémunération 0, mais la Calédonie, ça n’est pas l’Europe. Il n’y a pas le même nombre de passagers ni de compagnies aériennes. Ce modèle européen n’est pas applicable sur le marché calédonien ». Et les agences de voyage de dénoncer la position « ultra-dominante » d’Air Calédonie International sur le marché calédonien. En effet, Air Vanuatu n’existe plus, Fidji Airways et Air New-Zealand ne desservent plus la Calédonie, seul Qantas assure un trafic trois fois inférieur à ce qu’il était avant le 13 mai. La présidente du syndicat des agences de voyage dit « refuser que les agences soient les sacrifiées d’une hypothétique demande de défiscalisation » en lien avec le projet d’ACI d’acheter deux nouveaux avions, des Airbus A350.
Pour Vaéa Frogier en agissant ainsi, la compagnie à l’hibiscus entend montrer à l’État et aux banques qu’elle est capable de réaliser des économies. « Mais nous ne sommes pas une source d’économie, tempête Vaéa Frogier, nous générons du chiffre d’affaires au profit d’ACI ». Mais le point sur lequel Vaéa Frogier souhaite insister, c’est le fait qu’ACI est fortement soutenue par des fonds publics, son actionnaire à plus de 98% étant la Nouvelle-Calédonie. Ainsi entre 2007 et 2017, 15 milliards auraient été versés à la compagnie par la l’ADANC (ndlr : Agence pour la Desserte Aérienne de la Nouvelle-Calédonie) pour équilibrer ses comptes. « Cette société fait voler ses avions parce que derrière il y a la puissance publique, dit Vaéa Frogier, mais avec ce que l’on a vécu en 2024, je ne peux pas imaginer qu’une société soutenue par la puissance publique veuille faire disparaitre des entreprises privées ».
Le syndicat des agences de voyages va entreprendre des démarches auprès des élus, mais également de l’Autorité de la Concurrence. « Nous ne sommes pas des mendiants, conclut Vaéa Frogier, nous ne demandons pas de subvention, on veut juste travailler et rémunérés pour le juste travail que nous avons exécuté pour Aircalin ».