L’Observatoire de l’environnement de Nouvelle-Calédonie (OEIL) est contraint de se mettre en sommeil suite à la suppression quasi totale de ses subventions. Interview avec son directeur.
La voix du Caillou : Pouvez-vous présenter l’OEIL rapidement pour ceux qui n’y sont pas familiers ?
Fabien Albouy : Oui, tout à fait, l’OEIL a trois missions principales : une mission de surveillance de l’environnement ; une mission d’information auprès des décideurs, du grand public et des populations locales sur les résultats de notre surveillance ; et puis, il y a une troisième mission qui sous-tend la mission de surveillance, qui est le développement d’outils, de méthodes en matière de surveillance de l’état de l’environnement.
L’OEIL est né d’interrogations des populations locales et de la société civile sur les conséquences du projet minier industriel du Grand Sud il y a plus de quinze ans maintenant. Mais très rapidement, finalement, l’OEIL a embrassé d’autres thématiques comme la surveillance des incendies, la surveillance des pressions en général sur le domaine de l’environnement, et exerce aussi des actions de surveillance de l’activité minière, pas uniquement sur le Grand Sud mais aussi sur Thio. […] Notre credo, c’est vraiment de pouvoir mettre à disposition l’ensemble des informations qu’on collecte, qu’on synthétise : ça va être une information très technique, des mesures dans les rivières, des taux de nickel, jusque de l’information très vulgarisée, de manière à ce que chacun puisse comprendre un petit peu quel est l’état de l’environnement. Puis l’important, c’est que c’est vraiment une information qui est neutre, elle est celle ni des pouvoirs publics, ni des collectivités qui ont la compétence en matière d’environnement, elle n’est pas celle non plus des industriels ou des acteurs économiques.
LVDC : Quels ont été les projets marquants au cours des quinze dernières années ?
F.A. : Les projets marquants sont vraiment déjà de fournir de manière régulière, et encore une fois de manière transparente, indépendante, des bilans de l’impact de l’activité minière, notamment sur le Grand Sud et sur la zone de Thio. […] Je dirais aussi que ce qu’on a comme action marquante, c’est ce qu’on a développé autour des incendies. Là, nous, on a mis en place, en fait, des outils de suivi de cette pression [des incendies] qui est la pression la plus forte, en tout cas sur les écosystèmes terrestres. En Calédonie, on parle de 10 000 à 50 000 hectares brûlés par an, variables selon les années. […] Un travail qui était en cours et qui n’a pas donné lieu à la valorisation, mais qui est, à mon sens, assez structurant aussi pour la Nouvelle-Calédonie, c’est la mise en place d’indicateurs sur la sécheresse végétale. Dans le cadre d’un contexte de changement climatique global, l’OEIL produit maintenant, quotidiennement quasiment, de la donnée de référence sur la sécheresse végétale. Donc ça a des finalités aussi bien sur le domaine agricole en termes de sécurité alimentaire, mais aussi sur l’environnement. […] Autre chose aussi extrêmement importante qui a été mise en place depuis quinze ans, c’est un portail d’accès à la connaissance environnementale via des outils numériques, dont le site internet. Par exemple, notre bibliothèque numérique donne accès à près de 11 000 références. […] C’est aussi, pour moi, un outil de démocratie finalement de mettre à disposition ces informations, de pouvoir en discuter de manière collégiale et puis sur des bases partagées. C’est un outil qui contribue à la démocratie locale.
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Propos recueillis par Claire Rio-Pennuen
