Pour la première fois depuis la création du Conseil général de Nouvelle-Calédonie en 1885, la première institution législative du pays sera présidée par une femme : Veylma Falaeo, de l’Éveil Océanien, a été élue hier en remplacement de Roch Wamytan.
Pour certains, la surprise aura été totale, mais l’élection de Veylma Falaeo aura été le fruit d’une large et longue négociation entre l’Éveil, les Loyalistes, le Rassemblement et Calédonie Ensemble. Et tout s’est joué dès le 2e tour de scrutin après que Philippe Dunoyer et Naïa Watéou, candidats au 1er tour, aient retiré leur candidature. Avec 28 voix contre 26 à Roch Wamytan, Veylma Falaeo accède au perchoir, et devient la première élue d’origine wallisienne à présider le Congrès.
Troisième voie
À l’issue de son élection, la nouvelle présidente du Congrès a prononcé un discours, non sans une certaine émotion. Elle voit dans son élection un succès pour la position de troisième voie défendue par son parti, mais aussi le retour à certaines valeurs.
« Depuis 2019, avec nos trois voix au sein de cet hémicycle », a-t-elle déclaré, « nous avons porté Roch Wamytan dans l’espoir que cette majorité qu’il qualifiait d’océanienne allait pouvoir changer, réformer et faire avancer, océanienne n’étant pas pour nous une ethnie mais une façon de vivre, une façon d’être, un état d’esprit, et surtout des valeurs qui font écho à celles de la République, liberté, égalité, fraternité, à celles du Pacifique, respect, équité et solidarité. En matière de politique publique, c’est une vision de partage, de paix, de justice sociale, de lutte contre les inégalités et d’améliorer le quotidien des Calédoniens. Hélas, l’avenir institutionnel prenant toujours le pas sur notre rôle de mieux organiser notre société, avec la dernière démonstration en date de tout ce qui s’est passé depuis le 13 mai… » Et Veylma Falaeo de faire le constat que, « aujourd’hui, nous sommes malheureusement dans une situation triste et grave, avec le quotidien désormais en péril de tous les Calédoniens ».
Débats et consensus
La nouvelle présidente, qui dans son discours parle au nom de l’Éveil Océanien et non en son nom personnel, assure que son parti accepte cette responsabilité avec respect et cette mission avec humilité. « Cette assemblée », dit-elle également, « est le lieu de confrontation démocratique de toutes nos différences et des désaccords politiques, même les plus profonds. Le débat est l’essence même de cet espace, c’est ce qui le nourrit autour finalement de la volonté commune que nous avons tous, celle de relever, celle de relancer, celle de faire prospérer notre pays. » Veylma Falaeo a fait part de sa fierté « de porter la voix des femmes, des Calédoniennes à cette présidence qui, jusqu’à présent, n’a été que masculine. Je la dédie à toutes ces jeunes femmes filles qui nourrissent l’espoir d’accomplir et de s’accomplir. N’abandonnez jamais et vous réaliserez tout ce que vous voudrez. »
S’adressant enfin à ses collègues élus et à l’administration du Congrès, elle les a assurés que, « que ce soit pour trois mois ou plus, j’exercerai ces fonctions toujours avec bienveillance envers chacune et chacun d’entre vous, ainsi que toute mon implication pour être à la hauteur à chaque instant. Enfin, je le ferai dans un esprit de majorité mais comme ce qui nous anime depuis 2019 et que désormais la situation des Calédoniens nous y oblige : dans un esprit d’unité océanienne, républicaine, calédonienne. »
Ce contenu est réservé aux abonnés.
Connectez vous pour y accéder !
Nicolas Vignoles
