Deux mois après le début des émeutes, alors que la situation est de plus en plus stable, les habitants veulent reprendre le cours de leur vie « normalement ».
Une voiture de gendarmes « postée en permanence » au niveau du pont d’Apogoti, un service sécurité « doublé » pour la station Shell, une boucherie et une boulangerie comme derniers commerces encore debout dans la rue des jardins d’Apogoti. Un Nouméa Pas Cher et une maison de quartier qui rouvrent leurs portes. Et surtout des gens. Pas de foule, mais des gens qui viennent faire leurs courses, qui flânent, qui travaillent et qui n’ont qu’une envie : « tourner la page ». Parce qu’après tout, si le quartier a été violemment touché par les exactions en marge des émeutes, le calme a fini par y revenir. « La vie redevient normale ici », sourit Beth, une habitante du quartier. « Des fois il y a barrage, pas barrage, mais là on a de la chance c’est en train de se stabiliser. Il se passe encore des choses, bien sûr, cette semaine on a par exemple entendu qu’il y avait eu une intrusion sur le parking du centre commercial, mais ce sont des cas isolés. »
Plus de pillages que de destructions
Même son de cloche du côté des commerçants. « Il faut avancer sinon on devient fou », rigole Christophe, le patron de la boucherie Nourry, un des deux commerces encore ouvert aux jardins d’Apogoti. Lui qui tient la seule boucherie du quartier a pris la décision de rouvrir il y a un mois déjà, malgré l’état du reste de la galerie marchande, encore aujourd’hui partiellement détruite. « Notre chance, c’est qu’on a eu beaucoup de pillages, pas trop de destructions, sinon on n’aurait pas pu rebondir aussi vite », explique-t-il. Et effectivement, autour de la boucherie, toutes les autres enseignes encore fermées sont barricadées derrière des grilles de fer, ce qui ne les a pas empêchées de subir d’importantes destructions. « On a quand même hâte que les autres commerçants puissent ouvrir à nouveau », confie Christophe.
30 % de clientèle en moins
Justement, certains magasins voisins ont déjà effectué des nettoyages sur leur site. Si aucune date de réouverture n’est pour le moment prévue, « c’est un retour qui va faire du bien », pour Anne et Myriam, co-gérantes de la station Shell à Apogoti. « On se rend compte que pour le moment, ceux qui viennent, ce sont vraiment les habitués. » Des habitués, qui sont « enthousiastes et très contents de pouvoir voir du monde », comme Sybille, une maman venue faire de l’essence, mais qui ne permettent pas encore aux commerçants de faire leur chiffre d’affaires habituel. Christophe estime par exemple avoir « 30 % de clientèle en moins ». Comme Anne et Myriam, il reste malgré tout optimiste pour la suite.
Loris Castaing