Alors que le territoire célèbre tristement deux mois d’affrontements et d’effondrement de son « vivre-ensemble », nous sommes allés à la rencontre des Calédoniens, pour prendre la température de leur situation respective, et faire un point avec eux.
Il y a deux mois, jour pour jour, la Calédonie basculait dans une crise insurrectionnelle sans précédent. Alors que celle-ci a baissé en intensité, mais n’est pas terminée, les habitants de Nouméa oscillent entre espoir et désespoir alors que, pour beaucoup, leur vie a basculé dans la nuit du 13 au 14 mai.
« Tout le monde est touché par les événements »
C’est au détour des allées de légumes du marché de Nouméa que nous avons croisé le chemin de Raphaël, enseignant d’histoire-géographie à la retraite, qui témoigne de son désarroi face à la situation actuelle. Il ne sait pas quelles sont les perspectives d’avenir pour ses trois grands enfants, devenus enseignants. « Je suis devenu Calédonien avec les années, je suis arrivé en 1967. J’ai eu beaucoup de personnalités dans mes salles de classe… d’ailleurs j’ai eu dans ma classe de 3e en 1969, une jeune fille, très brillante, sûre d’elle, qui est la mère de Nicolas Metzdorf. » D’après lui, les résultats des élections législatives des communes de la côte Est du territoire sont dignes d’un état totalitaire « quand on approche des 90 %, on n’est plus dans une démocratie, » il rappelle ainsi que le député élu de la première circonscription n’est pas le bienvenu dans les îles Loyautés, et que cela « n’est pas démocratique, soyons honnêtes ». Habitant de Koutio, il vote dans la seconde circonscription, et ne se voyait pas voter pour « quelqu’un qui risque de finir par être un pantin du parti indépendantiste, car c’est plutôt mal parti. » Il accuse aussi les médias nationaux d’avoir ridiculisé la cause des voisins vigilants : « Il n’y a pas de milice, ce n’est pas comme pendant les événements, il faut être rationnel dans les propos, et surtout faire attention à ce qui se dit, car tout n’est pas bon à prendre. »
Les commerçants, eux, continuent de travailler. Morena, habitante de Dumbéa, n’a pas particulièrement été mise en difficulté par la crise. Même si le marché a un temps été fermé, elle a réussi à vendre ses légumes malgré quelques pertes financières : « nos légumes pourrissaient, mais certains magasins étaient ouverts donc nous avions encore quelques clients ». Elle reste tout de même choquée. « Les gens perdent leur travail alors qu’ils ont des familles à nourrir, c’est très triste. Ma collègue habite à Magenta, elle entendait des grenades tous les soirs. Tout le monde est touché par les événements », conclut-elle.
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*Les prénoms ont été modifiés.
Inès Figuigui et Margaux Lorenzini