Le fracas des détonations, le hurlement des insultes, la violence des agressions ont fait taire hier le 36e anniversaire de la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. On se dit qu’elle est bien loin l’époque où des hommes qui s’étaient combattus sans relâche avaient encore le courage de faire la paix. Mais cette paix qu’ils ont scellée, et qui vient d’exploser sous les coups de boutoir de la CCAT, n’avait été possible que parce que ces deux hommes, et pendant des années, avaient su mener un rude combat pour des convictions qu’ils n’ont jamais lâchées. La paix de Matignon n’a pas été imposée ni négociée aux termes de renoncements ou de reculades de l’un ou de l’autre. On a glorifié cette poignée de main, avec raison, on en a même érigé une statue. Hélas, ce 36e anniversaire, presque passé sous silence et pour cause, est célébré dans d’étranges conditions, puisque l’on croyait la paix définitive, et que la « lutte » avait désormais les urnes comme arme. Ça n’est pas que l’économie ni l’école ni la confiance que la CCAT a brisé plus nettement qu’un coup de hache dans une urne, c’est la paix. Faudrait-il encore que tout le monde l’entende et le comprenne.
Nicolas Vignoles