Trente-cinq ans de paix et de développement se sont donc effondrés, comme s’ils n’avaient jamais existé, en quelques jours, nous laissant tout à la fois ébaubis et désemparés. Nous avions donc fait tout ça pour ça ? Maintenant que le pays est dévasté et son économie à terre, comment nous sortir du désastre dans lequel la CCAT nous a plongés ? Certains dans une tribune, et il faut saluer l’initiative, appellent au retour de la paix et du dialogue, estimant qu’il est temps de proposer une nouvelle société calédonienne. Outre que cela confirme l’échec patent des Accords, de Matignon comme de Nouméa dont finalement nous n’avons rien su faire de bénéfique, cela pose le postulat que tout le monde est sur la même longueur d’onde. Or ce postulat est faux. Non, tout le monde ne veut pas de la paix et du dialogue. Ceux qui s’y opposent réclament l’indépendance – point barre, et le dialogue que l’on réclame pourtant à cors et à cris, ils n’en veulent pas, ils viennent de le redire au travers d’un communiqué de Daniel Goa. Sauf à se résoudre à consentir à ce que le pays progresse davantage encore vers l’indépendance (ce qui n’est pas acceptable), les conditions du dialogue ne sont pas réunies. « Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue », disait Maurice Thorez en 1936. C’est bien pour ça que les indépendantistes ne lâchent rien et n’entendront pas les appels à la paix et au dialogue.
Nicolas Vignoles