Les émeutes, un coup d’Etat de la CCAT ?

Alors que la Nouvelle-Calédonie connaît des émeutes tristement historiques depuis trois semaines maintenant, et que certains quartiers dans le Grand Nouméa demeurent encore des zones de non-droit, comme à Dumbéa et au Mont-Dore, les actions de la CCAT font clairement penser à un coup d’Etat. Un terme également utilisé par les élus Loyalistes et Rassemblement.

En début de semaine, mardi, tout juste libéré de son assignation à résidence, Christian Tein s’est montré sur le terrain. Dans une vidéo postée sur la page Facebook « Mobilisation pour la liberté », tenue par la Cellule de coordination des actions de terrain, il est apparu en short et claquettes à Koutio. « Je le redis une nouvelle fois, jamais je n’ai souhaité qu’on arrive à cette situation. Mais cette situation a été amenée par Darmanin et toute son équipe. C’est pour ça que je vous remercie, ça nous réchauffe le cœur de savoir qu’on est ensemble dans le travail. Ce qu’on peut faire ensemble, on le fera ensemble. Ce sera difficile ce travail, ce passage, mais relevez la tête », explique-t-il devant la caméra.

Le dégel du corps électoral, un prétexte

Un discours relativement lisse au vu de certains propos entendus jusqu’à présent. Pourtant, quelques minutes plutôt, une première vidéo du chef de file de la CCAT avait été publiée sur le réseau social avant d’être presque immédiatement effacée. Dans ces images, qui duraient seulement vingt-deux secondes, le leader indépendantiste se montrait beaucoup plus offensif. S’il appelait à rester « dans la phase » actuelle, il évoquait également la possibilité de franchir une nouvelle étape. « Si, à un moment donné, l’Etat ne nous comprends pas, on devra aller à une phase supplémentaire », disait-il. La CCAT assure, depuis le début des émeutes, être dans la phase 2,5 et laisse planer la menace d’une phase 3. Dès lors, que faut-il comprendre ? Cette “phase supplémentaire” pourrait-elle être synonyme de nouvelles violences et d’émeutes ? Pour Christian Tein, « cette phase là, ce sera la démission. On demandera la démission de tous les élus », avait-t-il lancé, vindicatif, n’épargnant même plus les élus « indépendantistes ».

La question de la réforme constitutionnelle en faveur du dégel du corps électoral n’est finalement qu’un prétexte. La CCAT, elle, voit plus loin et veut l’indépendance et l’instauration de « la Kanaky ». Au point de faire tomber toutes les institutions ? Le gouvernement, le Congrès, la province Nord et la province des îles sont pourtant déjà aux mains de dirigeants indépendantistes. Seule la province Sud demeure loyaliste. Dès lors, peut-on parler de coup d’Etat ? « Nous assistons clairement aujourd’hui à un coup d’État qui ne dit pas son nom. Une forme déguisée et patiente de prise de pouvoir qui se réalise par une politique de la terre brûlée, imaginée pour faire fuir les populations non-indépendantistes (…) Sans une action ferme et de grande ampleur de l’État, à la fois sécuritaire, économique et sociale, et avec le temps comme allié, les indépendantistes radicaux finiront par avoir gain de cause. Ils obligeront Paris à quitter ce port de France dans le Pacifique qu’est la Nouvelle-Calédonie », expliquait Bastien Vandendyck, analyste en relations internationales et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche.

« Un coup d’Etat… raté pour le coup »

« La volonté de coup d’Etat est réelle, la volonté est de faire que la Nouvelle-Calédonie devienne Kanaky par la force. Pas forcément en allant au Haussariat arme à la main, mais en terrorisant suffisamment les gens pour qu’ils aient envie de partir et qu’ils deviennent majoritaires par la force », répond également Sonia Backes, la présidente de la province Sud, lors d’une conférence de presse des élus non-indépendantistes, vendredi après-midi. « Il faut lire ce qu’est la phase 3 de la CCAT. Ce n’est pas une manifestation pour revendiquer un droit, c’est une prise de pouvoir par la violence. Quand Christian Tein dit qu’ils ne voulaient pas casser les entreprises, que le mot d’ordre était de tenir le port et l’aéroport, ce n’est pas une manifestation non plus », développe, de son côté, Nicolas Metzdorf, député de la deuxième circonscription. Avant de poursuivre : « Il faut regarder les faits. L’ultime action d’un coup d’Etat c’est le remplacement des élus en place. Et dans ses messages, la CCAT demande la démission de tous les élus du FLNKS. On fout le bordel, on bloque le port et l’aéroport, on fait sortir les élus… Cela s’appelle un coup d’Etat… Raté pour le coup. »


Les barrages citoyens, une présence « essentielle »

Dans ce contexte, et alors que des zones de non-droit perdurent dans certains quartiers du Grand Nouméa, notamment à Dumbéa et au Mont-Dore, les élus Loyalistes et Rassemblement, appellent la population à rester vigilante mais surtout mobilisée sur les barrages citoyens. « On veut leur dire qu’on a encore besoin d’eux (…) On demande qu’ils continuent cette mobilisation, qu’ils se réorganisent pour pouvoir tenir dans le temps. C’est essentiel parce que ce travail qui est fait permet aux forces de l’ordre d’intervenir là où les populations sont complètement isolées aujourd’hui », a expliqué Gil Brial, vice-président de la province Sud lors de cette conférence de presse. « Il n’y a pas une frange de la population qui assassine des gens, ils protègent simplement leurs familles et nous avons besoin de cette mobilisation, elle est essentielle », a-t-il poursuivi.


Claire Gaveau

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