Une policière soupçonnée de renseigner les émeutiers

Une adjointe de sécurité affectée à la police aux frontières, fille du directeur de cabinet de la présidence, a été placée sous contrôle judiciaire en attendant son procès pour violation du secret professionnel. Son compagnon, impliqué dans les émeutes, a été incarcéré en détention provisoire.

Une affaire embarrassante pour l’Etat. Une agent de police, affectée depuis le 2 janvier dernier au service de la police aux frontières au sein de la Direction territoriale de la police nationale (DTPN), est dans le viseur de la justice, soupçonnée d’avoir informé de manière régulière son compagnon sur les dispositifs de sécurité de l’Etat depuis le déclenchement des émeutes qui ont brutalement frappé Nouméa et les communes limitrophes.

Après quarante-huit heures de garde à vue devant les gendarmes, cette femme de 27 ans, fille du directeur de cabinet du président du gouvernement, a été déférée dans la matinée du mardi 28 mai. Le parquet a décidé de son renvoi devant le tribunal correctionnel de Nouméa dans le cadre d’une comparution immédiate.

Elle fait fuiter le trajet du convoi présidentiel

Cette policière n’était pas seule dans le box. A ses côtés, son compagnon avec qui elle partage sa vie depuis cinq ans. Cet habitant du quartier de Yahoué (Mont-Dore), ancien pompiste désormais au chômage âgé de 32 ans, est quant à lui soupçonné d’avoir tenu un rôle important sur les barrages de Nouméa, de Dumbéa et du Mont-Dore entre le 13 et le 25 mai, date de son interpellation.

La procureur Fanny Philibert a évoqué “un rôle actif” et une “implication certaine” de cet individu à qui on reproche les délits d’entrave à la circulation et de “participation à un attroupement armé”. Cagoulé sur les barricades, il aurait été identifié par les forces de l’ordre en possession d’un lance-pierres. Il lui est également reproché, entre le 17 et le 25 mai, d’avoir participé au pillage d’un magasin Korail et d’avoir subtilisé des aérosols, des allume-feux, des télévisions et des tapis.

Problème, la fonctionnaire de police est poursuivie pour avoir révélé à son compagnon “des informations confidentielles” et d’une particulière sensibilité dont elle avait accès dans le cadre de son poste à la police aux frontières. Dès le 7 mai et les premiers blocages devant la SLN de Nouméa jusqu’au 25 mai, elle aurait fourni des éléments sur le “dispositif de maintien de l’ordre”, la “localisation et l’hébergement” des forces de l’ordre, “le modèle et les plaques d’immatriculation” de leurs véhicules et “le trajet du président de la République” Emmanuel Macron en déplacement sur le territoire jeudi 23 mai.

Comme le veut le procédure, les deux prévenus ont eu le choix d’être jugés immédiatement ou de demander un délai pour préparer leur défense. C’est cette seconde option qui a été privilégiée par le couple.

“Ce n’est pas pour chasser la roussette”

La procureur a demandé le placement en détention provisoire du trentenaire pour “mettre fin à l’infraction”, “prévenir le renouvellement des faits” et “garantir sa représentation en justice”. “Les faits sont graves”, a-t-elle précisé, assurant qu’il existe “un réel risque” de le revoir sur les barrages en cas de contrôle judiciaire.

Pas pour son avocat Me Stéphane Bonomo qui considère “qu’une jurisprudence émerge avec les récentes décisions du juge des libertés et de la détention qui place en détention provisoire les cas de violences sur les forces de l’ordre”. Son client, condamné à deux reprises pour des délits routiers, “a un profil typique de ceux que l’ont voit sur les barrages”. S’il était armé d’un lance-pierres, “ce n’est pas pour chasser la roussette”, convient son avocat, rappelant “qu’il n’est pas poursuivi pour des violences”. “Sur les barrages, ils ont tous le visage dissimulé”, note-t-il encore.

Un an de prison ferme encouru

La magistrate du parquet réclame à la juridiction que la policière soit astreinte à un “contrôle judiciaire particulièrement stricte” en attendant la prochaine audience, incluant l’interdiction d’exercer la profession de policier. “Ce serait la double peine, déplore son avocate, des sanctions sont déjà prévues en interne.”

Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel de Nouméa a décidé de suivre les réquisitions. Si le trentenaire émeutier a été maintenu en détention provisoire, sa compagne a été placée sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’entrer en contact avec son compagnon, de participer à une manifestation, de porter ou détenir une arme, d’exercer sa profession et l’obligation de pointer deux fois par semaine au commissariat central. “En cas de non-respect, vous risquez la prison”, a averti la présidente.

Le couple sera jugé le 14 juin prochain. La policière risque un an de prison ferme

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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