Onze jours après le début des émeutes, si la route vers le Médipôle demeure particulièrement difficile, celle vers la clinique Kuindo-Magnin, à Nouville, commence doucement à se dégager. Une nouvelle rassurante pour les patients mais aussi pour les femmes enceintes, qui peuvent également, pour certaines, compter sur la “grosse solidarité” de leur voisinage.
Malgré les efforts des forces de l’ordre pour dégager les voies d’accès vers la clinique Kuindo-Magnin et le centre hospitalier Gaston-Bourret, les émeutiers continuent d’empêcher une circulation normale. De son côté, et malgré les difficultés, le personnel soignant s’organise comme il peut pour continuer d’assurer son service. “On est en service restreint, témoigne une sage-femme à la clinique de Kuindo-Magnin. On a dû s’organiser différemment dans les dernières semaines parce que certaines de nos collègues n’ont pas pu venir au travail. Certaines ont dû venir en bateau. On essaie de faire en sorte que le personnel soignant reste deux à trois jours sur place à chaque fois.” Pour autant, la sage-femme tiens à rassurer les patientes, l’accès à la clinique est compliqué mais il est possible, et des accouchements ont eu lieu la semaine dernière : “De jour, il faut un peu slalomer entre les voitures brûlées, mais cela reste faisable, explique-t-elle. De nuit, on n’a pas eu beaucoup d’arrivées, c’est vrai, mais nos ambulances n’ont pas de mal à venir. Les émeutiers savent que nous sommes là et laissent passer.” Pour les plus inquiètes elle rappelle qu’elles peuvent “en cas de besoin” appeler le SAMU pour être acheminées.
“Une grosse grosse solidarité”
De l’autre côté des barrages, les femmes enceintes s’organisent comme elles peuvent. C’est le cas de Louise, enceinte de neuf mois, qui attend son cinquième enfant. Pour elle, pouvoir se rendre à l’hôpital reste une priorité si les conditions lui permettent mais elle a malgré tout prévu un plan de secours : “Je me suis organisée avec des voisins : une médecin généraliste et une sage-femme pas loin de chez moi m’ont invité à venir chez elles s’il y avait besoin, raconte-t-elle. Une copine qui a dû accoucher à domicile m’a aussi donné des conseils mais pour autant, je préfèrerais largement bénéficier d’une péridurale.”
Elle qui était “super angoissée toute la semaine dernière” loue à présent la bienveillance du voisinage : “Les gens sont au petit soin avec moi quand je vais faire mes courses, s’amuse-t-elle. Il y a une grosse grosse solidarité.” La future maman explique aussi qu’elle peut compter sur le soutien d’internautes, comme les participantes du groupe de solidarité Merci Copine sur Facebook, bien qu’elle n’ait pas trop eu à l’utiliser pour le moment.
La province Sud s’organise aussi
De même, la province sud s’organise pour apporter son soutien aux femmes enceintes. Pour l’instant, plusieurs initiatives ont été mises en place. Par exemple, hier après-midi un programme de distribution de lait et de couches pour bébés destiné à toutes les familles dans le besoin était mis en place gratuitement. De même, l’Espace santé de la province Sud était ouvert toute la matinée. Une équipe de médecins, sage-femme et puéricultrices et infirmières étaient présents sur place pour des soins de médecine générale et de protection maternelle et infantile. Sur son compte Facebook, la province Sud partage régulièrement des informations de ce type.
Loris Castaing