A Païta, “la population se sent abandonnée”

La commune de Païta est, depuis le début des émeutes, aux premières loges. Les rues sont détruites, les commerces brûlés, les populations se barricadent. La seule nuit de repos, de jeudi à vendredi, n’a déploré « que des incendies sur des magasins ». Le directeur de cabinet de la mairie, Antoine Romain, est revenu pour nous sur ces les derniers jours.

« La population se sent abandonnée par ceux qui sont censés les défendre ». C’est ainsi qu’Antoine Romain décrit l’esseulement dans laquelle se sentent les habitants de sa commune. Il se corrige ensuite, en remerciant le travail « des gendarmes qui font avec les moyens qui leur sont donnés. Ils donnent le maximum. »  Il faut dire qu’avant l’arrivée des renforts, les mèches allumées dans les différents coins de Nouméa et de son agglomération, ont particulièrement ravagé la ville.

Des blocages importants

A défaut d’avoir le soutien en nombre des forces de l’ordre, la commune s’organise et apprend à se gérer seule. « Les gens qui sont là pour défendre leur quartier, sont la plupart du temps des pères de famille qui n’ont pas envie de voir disparaître leurs proches ou leur patrimoine », rapporte Antoine Romain. A Païta, de nombreux groupement de quartier tournent la nuit. Le directeur du cabinet met d’ailleurs en garde sur le nom à employer, « ce ne sont pas des milices, ils ne poursuivent pas ceux qui passent devant chez eux. Ils sont effectivement en situation de défense, mais ils se substituent à ceux qui devraient le faire. »

Ceux qui devraient le faire, justement, ont commencé à arriver sur le territoire. Mais encore une fois, sur la commune de Païta, l’incompréhension a déçu la population : « Je crois qu’il y a eu un peu de confusion aussi chez les uns et les autres, en disant voilà, l’État met les moyens et envoie l’armée. J’entends bien que des renforts arrivent ou que des renforts sont arrivés, mais pour l’instant, sur la commune de Païta, concernant la sécurisation des populations dans les quartiers du sud de la commune, ces renforts n’existent pas. »

La mairie incendiée

Parmi les dégâts, les magasins ont été brûlés, les rues saccagées, les marchés pillés, et la mairie en partie incendiée. Le personnel a dû quitter les lieux, « ils n’y travaillent pas pour la bonne et simple raison, c’est que leur sécurité ne peut pas y être garantie. Il est tout à fait illusoire de vouloir les faire travailler ». Ici aussi, Antoine Romain a le sentiment d’abandon : « Je dirais que, contrairement aux annonces qui ont été faites par le représentant de l’État en Nouvelle-Calédonie de protéger les bâtiments municipaux, ça n’a pas été le cas sur la commune. »

EN IMAGES – Nouméa, cinq jours après le début des émeutes

Nonobstant, le personnel s’attelle à travailler au plus proche de la population, « dans la mesure de ce qu’on peut faire en termes de déplacement. Ce qui, vous l’imaginez, est quand même assez réduit. »

Une des missions principales, comme partout sur le territoire, et de faire face à la fausse information : « Les gens sont calfeutrés dans leurs quartiers. Effectivement, ils sont l’objet, comme tout un chacun en Nouvelle-Calédonie, de l’ensemble de ce qui transite sur les réseaux sociaux, avec un nombre incalculable de fake news, de désinformation volontaire pour certaines, maladroites pour d’autres. » Aujourd’hui, il est difficile, pour le directeur de cabinet, de penser à l’après, « on n’a même pas aujourd’hui d’estimations claires, il est impossible de chiffrer précisément, ni même d’investiguer complètement sur la nature de ces de ces destructions », avant de tristement conclure : « Pour l’instant, elle est inenvisageable cette phase de reconstruction tant qu’on est encore dans une phase de destruction. C’est vrai que là, on ne voit pas clairement la sortie de cette affaire. »

Eloi Coupry

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