En fin de journée, mardi 14 mai, le Sénat coutumier et Daniel Goa, notamment, sont sortis du silence pour réclamer un retour au calme.
Victor Gogny : “Il est impératif que la jeunesse fasse preuve de retenue”
Victor Gogny, le président du Sénat coutumier, a pris la plume en fin d’après-midi lors de la publication d’un communiqué du Sénat coutumier. Il a ainsi adressé “à la jeunesse” un appel solennel pour un retour au calme. “Il est impératif que la jeunesse fasse preuve de retenue et de civisme, et privilégie le dialogue et la concertation pour exprimer ses revendications et ses aspirations légitimes.” Le Sénat coutumier s’adresse également aux responsables politiques locaux, les enjoignant de reprendre les discussions “dans un esprit de respect mutuel et de recherche de solutions partagées” afin de trouver un accord localement.
Daniel Goa : “L’avenir ne peut pas se bâtir dans la guerre”
Dans un communiqué publié tardivement mardi, Daniel Goa, le président de l’Union Calédonienne (UC) appelle au calme et à la responsabilité “de nos structures politiques mais aussi les clans et les familles qui doivent rappeler à l’ordre et tenir leur jeunesse”. “L’avenir ne peut pas se bâtir dans la guerre”, dit-il. Pourtant, le responsable indépendantiste voit dans ces débordements “la détermination de nos jeunes de ne plus se laisser faire par la France”. “Ils n’accepteront plus ce que nous avons enduré par la force, les assassinats, la duperie, la manipulation et les lois sur l’indigénat. Ils ont pris le relais sur le terrain et la situation risque d’empirer”, poursuit-il, guère “surpris” de l’évolution de la situation. “Notre combat est noble et nous nous battons pour notre dignité, nous ne reculerons plus, trop de trahisons, de forfaitures ont émaillé nos multiples accords. Nous devons rester à la hauteur de cet ultime défi pour notre liberté, aussi j’appelle notre jeunesse à garder son calme, à faire preuve de patience et à cesser toutes exactions, tous pillages qui ne nous honorent pas. Ce n’est pas cela la dignité et la liberté. L’avenir de notre Pays ne doit pas s’écrire avec le sang de nos jeunes, car la France pour rester et continuer à piller nos ressources, n’hésitera pas à les sacrifier. Il n’y a pas de sacrifices utiles, il y a des accords à bâtir et à trouver pour le futur”, a-t-il également écrit dans ce communiqué.
“Les pillages orchestrés sont notre déshonneur et ne servent aucunement notre cause et notre combat (…) Dans toutes ces exactions, nous sommes les premiers touchés et pénalisés. Elles sont inacceptables et ne nous ressemblent pas. Ce n’est pas cela le
visage d’un Kanak. Nous ne volons pas chez nous, nous sommes dignes”, a-t-il également déploré. Avant de contre-attaquer : “Si je demande à notre jeunesse de rentrer chez elle, je demande aussi à l’Etat de rapatrier ses cowboys policiers et militaires, ici vous ne trouverez pas des Talibans afghans en face vous, ce sont simplement de jeunes adolescents qui veulent crier leur soif de liberté, de dignité et qui veulent une égalité de chance.” “Nous avons sûrement tous faillis dans l’exercice du pouvoir politique, nous en mesurons les conséquences, mais cela ne doit pas nous arrêter et nous trouverons les personnes ressources nécessaires pour continuer à bâtir ce pays”, conclut-il.