Vers une commission spéciale nickel qui fait débat

« Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission », disait Georges Clemenceau. Nous y voilà. Alors que la filière nickel est à deux doigts du précipice, la création d’une commission spéciale nickel prend forme. Une assemblée dont on pressent qu’elle n’accouchera pas demain de décisions.

Mercredi, le bureau élargi du Congrès de la Nouvelle-Calédonie s’est réuni sans les présidentes des groupes Loyalistes et Rassemblement, Naïa Wateou et Virginie Ruffenach. Malgré leur absence, l’UNI, l’UC-FLNKS et Nationalistes, l’Éveil Océanien et Calédonie ensemble ont officiellement acté la création d’une commission spéciale nickel, « chargée d’identifier et de proposer des solutions pour surmonter les défis actuels de la filière nickel », confrontée à une large crise. Cette assemblée aura pour mission « d’analyser en profondeur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux liés à cette filière, ainsi que l’efficacité des politiques publiques et des dispositifs de soutien en place. A partir de cette analyse, des recommandations pourraient être formulées afin de définir le périmètre d’un éventuel accord sur la filière du nickel avec les acteurs concernés », peut-on lire dans la délibération déposée par le groupe UC-FLNKS et Nationalistes.

L’opposition des groupes Loyalistes et Rassemblement

Défavorables à la constitution de cette commission spéciale, les groupes Loyalistes et Rassemblement jugent les délais de mise en œuvre « inadaptés » à l’urgence de la situation des trois usines métallurgiques, affirmant par ailleurs que « les récentes commissions spéciales ont fait la preuve de leur inefficacité » en prenant pour exemple celle du Ruamm, instaurée il y a plus d’un an sans résultat concret depuis. « Ouverts à une discussion rapide en format des représentants des groupes pour tenter de trouver une solution au blocage actuel », les groupes Loyalistes et Rassemblement ont par ailleurs appelé, dans un communiqué en date du 10 avril, à « statuer dans les plus brefs délais pour approuver le pacte nickel », ce qui permettrait selon eux de « bénéficier des fonds importants que l’État est prêt à mettre à la disposition de la Nouvelle-Calédonie pour, d’une part subventionner à court terme le coût de l’énergie, et d’autre part investir dans un nouvel outil de production électrique ».

Le pacte nickel, mort et enterré ?

Toujours est-il que les discussions se poursuivront la semaine prochaine pour définir la composition de cette commission spéciale nickel, qui se réunira le 22 avril pour entamer son travail. Au fur et à mesure que la création de cette assemblée avance, on pressent que l’hypothèse d’une signature du pacte nickel recule. Car entre la fixation d’un calendrier des travaux à mener puis à réaliser au sein de ce comité, il y a fort à parier que le projet de pacte nickel soit, si ce n’est reporté aux calendes grecques, sinon définitivement mort et enterré. D’autant que la possibilité que le président Louis Mapou signe lui-même le pacte, en s’affranchissant de l’avis du Congrès, semble elle aussi compromise. Mercredi, le gouvernement n’a pas pris d’arrêté habilitant le chef de l’exécutif à cette ratification. Et en cette période de tensions, il semble peu probable que la donne change.

La position de l’État attendue

De son côté, le ministre de l’Économie et des Finances n’a pas encore réagi à ce nouveau rebondissement dans l’affaire du pacte, dont la signature était initialement prévue fin janvier. Bruno Le Maire avait simplement précisé que le document devait être signé « tel quel » et avant fin mars. Force est de constater que les règles du jeu n’ont pas été respectées. Quelles conséquences cette non-signature pourrait-elle avoir ? Difficile pour l’heure de mesurer l’ampleur des dégâts. Les données manquent. En attendant, l’urgence est palpable, sachant que la cessation de paiement pour la SLN et Prony Resources n’a pu être évitée que par des prêts d’urgence de l’État. Sans pacte, la deuxième tranche de ces emprunts ne sera pas versée, pas plus que la subvention-énergie attendue par la SLN. Quant à Koniambo Nickel SAS (KNS), il ne lui reste plus que quelques mois pour trouver un repreneur. Or, sans le pacte il n’y aurait aucun intérêt économique au rachat de l’usine du Nord. « Concrètement, c’est l’effondrement économique de la Calédonie qui se joue en ce moment », estime la présidente de la province Sud, Sonia Backes.

Beryl Ziegler

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