Pour le samedi 13 avril, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) annonce une nouvelle mobilisation contre le dégel du corps électoral et le « passage en force de l’État ». Cette fois-ci, c’est sur la place de la Paix, à Nouméa, que le rendez-vous est donné.
Depuis que le Sénat a voté le 2 avril la réforme constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral, les membre de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) ne décolèrent pas. Arnaud Chollet-Leakava, leader du Mouvement des Océaniens indépendantistes (MOI), n’a pas mâché ses mots hier durant la conférence de presse : « ces 233 sénateurs ont décidé de tuer le peuple kanak et la citoyenneté calédonienne au sens de l’accord de Nouméa. J’irais même plus loin en disant que leur projet est de faire en sorte que le peuple kanak devienne comme le peuple aborigène. » Et celui-ci d’interpeller les 577 députés qui s’apprêtent à examiner à leur tour le texte au mois de mai : « vont-ils se positionner par rapport à ce projet d’extermination programmée » qui vise à rendre le peuple kanak « encore davantage minoritaire dans son propre pays » ?
Pas de retrait du texte = pas d’accord local, ni de provinciales
Pour Christian Tein, porte-parole de la cellule, dans les conditions actuelles « il faut oublier les élections provinciales d’ici la fin de l’année ». Pour lui, tant que ce texte n’aura pas été retiré du circuit parlementaire, aucun accord local sur l’avenir institutionnel ne sera envisageable. « Ce projet de loi constitutionnelle est venu court-circuiter la dynamique de dialogue », confirme Dominique Fochi, secrétaire général de l’UC. Seule condition pour favoriser la reprise des discussions : le retrait pur et simple du texte. À défaut, quels pourraient être les recours de la CCAT ? Christian Tein préfère prévenir : « je ne sais pas quelle sera la fin de cet épisode-là, mais si on continue à pousser, on ira dans le mur. La CCAT sera prête. (…) Le bordel, tout monde sait le faire et l’organiser. Mais l’arrêter, c’est autre chose. Backès et l’État nous emmènent sur un terrain glissant, et à un moment donné on prendra nos dispositions si on se sent menottés. »
Toutefois, « il y a encore possibilité de freiner le véhicule », tempère le porte-parole. Après la « pleine réussite » de la marche du 4 avril, la CCAT mise désormais sur la manifestation du 13 avril pour faire entendre sa voix. C’est sur la place de la Paix, à Nouméa, que le rendez-vous est donné, explique Christian Tein, « pour prouver que cette poignée de main à Jacques Lafleur a encore de la valeur » mais surtout pour « dire à l’État qu’on sera là et qu’on les emmerdera pacifiquement mais jusqu’au bout ». Quant à Gérald Darmanin qui avait évoqué sa possible venue sur le Caillou les 13 et 14 avril, « il vaut mieux qu’il reste à Paris, il n’est pas le bienvenu », préconisent les membres de la CCAT.
Beryl Ziegler