Les stations-services arrivent à bout de leur réserve d’essence. Les Calédoniens, eux, arrivent à bout de leur patience. Le blocage des dépôts de carburants lancé par le collectif Agissons solidaires, dont fait partie le syndicat des rouleurs et du BTP, se maintient, empêchant un grand nombre de citoyens de faire le plein.
« Nous devions partir ce week-end à Bourail avec les enfants, on va finalement rester à la maison », s’attriste une mère de famille. Malheureusement, ce n’est pas la seule à subir le blocus actuel lancé par le collectif Agissons solidaires. Cela concerne également de nombreux travailleurs qui ne rentrent pas dans les identifications de personnels prioritaires qui pourront bénéficier des quelque 15 stations réquisitionnées.
Nombreux sont ceux qui, hier encore, cherchaient désespérément un peu de carburant. « Je cherche de l’essence depuis trente minutes maintenant », nous dit un homme par la fenêtre de sa voiture. Si certains attendent l’essence, aucune date d’un réapprovisionnement des stations n’est pour le moment prévue. Le manager de la station-service du Shell Victoire, place Moselle, craint « qu’un retour à la normale ne soit pas pour tout de suite. Ou du moins, il ne faut rien espérer avant le début de la semaine prochaine, et encore ».
Quinze stations réquisitionnées
Le Haut-commissariat a procédé à la réquisition de quinze stations-service qui serviront à ravitailler les services prioritaires. Parmi les personnes qui y auront accès : les services d’intervention d’urgence et de secours (ordre public, sécurité et justice, incendie et secours, contrôleurs aériens), les services sanitaires ou de soins à la personne (activité hospitalière, véhicule sanitaire privés, soins à domicile, livraison de produits pharmaceutiques et sanguins, professionnels de santé libérales, transport funéraire), et tout autre service d’urgence (eau, électricité, gaz, opérateur pétroliers, transport en commun). Un justificatif sera demandé par les stations, celui-ci sous la forme d’une carte professionnelle ou un document attestant de l’exercice d’une profession ou d’un emploi prioritaire.
Les stations réquisitionnées ont été choisies selon la taille de la cuve. La station Shell d’Apogoti à Dumbéa possède par exemple une capacité totale de 80 000 litres, néanmoins, ils limitent les pleins à 3 000 francs CFP. Si les ravitaillements ont été faits dès aujourd’hui, les clients restent moins nombreux et le personnel « apprend à s’organiser. On fait des tâches que nous ne faisions pas avant ».
Une gérante de station craint les jours à venir. S’il ne lui reste que peu d’essence, la station ne souhaite pas limiter le prix des pleins. En revanche, « cela va impacter la boutique. Les gens font beaucoup de course, certes, mais principalement lorsqu’ils viennent faire de l’essence au passage. Nous pouvons baisser de moitié les ventes que nous faisions avant ». La baisse d’effectif, elle, n’est pas prévue, « les salariés pourront en profiter pour partir plus tôt, voire même prendre des vacances si cela dure ».
Eloi Coupry
