Stéphane Retterer, président, et Sophie Charlot, rapporteure générale, tous deux arrivés à l’Autorité de la concurrence de la Nouvelle-Calédonie (ACNC) il y a bientôt un an, ont dressé hier un bilan des derniers mois et fixé le cap pour ceux à venir.
L’ACNC, née en 2018, fonctionne désormais à effectif plein, avec 13 personnes et un budget de 180 millions de francs. L’an passé, elle a organisé 80 rencontres et présentations, assurées par le président. Elle a surtout examiné 8 secteurs différents, et rendu 39 avis et décisions. En douze mois, il y a eu 14 autorisations d’équipements commerciaux et 10 autorisations de concentration d’entreprises. Il y a aussi eu, et c’est une première, une interdiction de rachat d’entreprise : un groupe de laboratoires médicaux souhaitait acquérir d’autres laboratoires (vendus par un concurrent), jusqu’à arriver à une situation de monopole. On notera également, deux sanctions pour non-respect des délais de paiement (dans la grande distribution), trois sanctions pour des pratiques anticoncurrentielles (notamment concernant un importateur de feux d’artifice). Total des sanctions, en baisse par rapport à l’année précédente : 22,5 millions de francs. « L’activité 2023 de l’Autorité de la concurrence de la Nouvelle-Calédonie a été particulièrement soutenue », assure le président, Stéphane Retterer.
En 2024, se repositionner
Leurs dirigeants parlent désormais d’ACNC 2.0. Un élément de langage, « un clin d’oeil », pour expliquer que cette « deuxième génération » (Stéphane Retterer est par exemple arrivé en mai, Sophie Charlot à la même période) entend poursuivre le travail entrepris depuis la création de l’Autorité, tout en le modernisant, l’accélérant, avec une volonté d’étendre son champ de compétences. « Au regard de notre mission, de nos objectifs et de notre souhait d’évolution, l’Autorité est en train de développer une nouvelle version, c’est vraiment quelque chose qui va nous permettre de nous adapter plus facilement à nos objectifs », cadre le président. En réalité, « c’est toujours la même Autorité, on change juste de logiciel » de fonctionnement « et on a plus d’ambition ». Cela doit permettre « l’utilisation pleine et entière de tous les pouvoirs de l’Autorité ». Cette dernière « doit être forte, ambitieuse et faire du sur-mesure », c’est-à-dire prendre « des décisions toujours particulièrement en phase avec les spécificités économiques de la Calédonie, qui sont très particulières ». Cette adaptation, « on le fait dans tous les domaines : on n’a aucune dimension dogmatique sur le plan économique, au contraire, chaque dossier est différent ».
A l’ACNC, « on travaille presque exclusivement sur la base d’informations qu’on nous apporte: entreprises, consommateurs, politiques », précise Sophie Charlot. « On s’aperçoit que les Calédoniens ont beaucoup de choses à dire. On a peut-être l’image d’une institution très technicienne, pour autant on travaille vraiment sur des sujets qui sont ceux de la vie quotidienne en Calédonie. On est au service du territoire. »
En 2025 et plus, élargir les possibles
« On a une vision ambitieuse, une vision large du rôle de l’Autorité de la concurrence, à la fois politique de concurrence mais pas que », pose Stéphane Retterer. « C’est aussi politique industrielle avec les protections de marché (qui relève partiellement de l’ACNC), politique de la consommation et de la protection des consommateurs (qui pour le moment n’est pas de compétence de l’ACNC), et ouvrir, avec des accords commerciaux, des échanges dans la région Pacifique: voilà quelques pistes de l’Autorité que nous souhaitons travailler avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. »
Anthony Fillet
