La jeunesse qui s’engage

Il était l’animateur du meeting de Ko We Kara vendredi dernier où il a présenté les différentes personnalités qui se sont succédé sur scène. Du haut de ses 24 ans, Cael Normandon retrace son engagement politique et social.

Comment, à 24 ans, devenir l’animateur d’une grande soirée politique comme celle-ci ?

Cael Normandon : C’est le résultat d’un parcours politique et d’engagement qui commence en 2018 avec le premier référendum. J’avais 17 ans durant la campagne du « Non », puis 18 ans au moment du vote. C’était d’ailleurs mon tout premier vote ! À ce moment-là, je me suis demandé comment faire pour m’engager davantage, car je n’avais pas envie de voir mon avenir être dessiné par la main de quelqu’un d’autre. J’ai envoyé un message à Sonia Backès qui était alors dans l’opposition à la province Sud, et je lui ai proposé d’organiser une réunion à Ouégoa, ma commune d’origine. J’ai réuni une soixantaine de personnes, et Sonia Backès a fait le déplacement pour venir animer cette rencontre. C’est comme ça qu’a débuté mon engagement, qui s’est poursuivi au fil des élections : élections provinciales de 2019, élections municipales de 2020 où j’ai mené la campagne de notre liste à Ouégoa, élections référendaires… Je n’ai cessé de m’engager à chaque fois que mon pays avait besoin de moi.

Tu es originaire de Ouégoa, est-ce que cela a joué sur ta volonté à t’engager ?

CN : Quelqu’un m’a dit un jour que Ouégoa était une succursale de Sciences Po’ ! En fait, les gens sont hyper politisés, parce qu’il y a une mémoire de l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, des choix politiques qui ont été faits, et de la violence et des victimes qu’il y a pu avoir. À Ouégoa, on est loin de tout, mais près de beaucoup de choses. Nous, les non-indépendantistes, sommes en minorité dans notre commune, en minorité dans notre province, donc on est obligés de s’engager. Si on ne s’engage pas, on nous oublie, on s’efface. Ce n’est pas une opposition, c’est juste pour exister, pour faire exister notre légitimité. Après, à titre personnel, l’histoire m’intéresse, les enjeux politiques m’intéressent… Je me pose toujours la même question : comment améliorer le quotidien des gens ? C’est ça la question qui m’anime.

As-tu suivi des études en politique ?

CN : Pas du tout ! J’ai fait mon collège à Ouégoa, puis mon lycée à Nouméa, au Lapérouse. J’ai continué avec une prépa littéraire, puis une licence en histoire-géographie. Selon moi, l’histoire est politique. Elle a été écrite par les hommes, donc chacun décide de ce qu’il veut raconter. Je trouve qu’il n’y a pas plus politique que l’histoire. Et la géographie, c’est pareil : on fait dire ce que l’on veut aux lieux, ce que l’on veut aux évènements. Par la suite, j’ai poursuivi par un master d’enseignement à l’INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation), parce que j’avais envie de transmettre, de donner quelques clés aux enfants pour leur permettre de mieux s’insérer dans le monde dans lequel ils vivent.

Tu as animé la soirée des Loyalistes, est-ce que tu travailles maintenant en politique ou tu es toujours dans l’enseignement ?

CN : J’anime le réseau de jeunes qui soutiennent Sonia Backès, d’où ma présence sur cette scène, mais au-delà de ça, j’ai un métier comme tout le monde. Je suis professeur d’histoire au Collège de Boulari, pour des classes de 6e, 5e et 4e.

Comment es-tu arrivé à animer la section jeunes des Loyalistes, et quel est ton rôle?

CN : L’engagement durant les élections m’a permis de découvrir comment la machine politique fonctionnait : c’est quoi une élection ? C’est quoi une campagne ? Qu’est-ce que le militantisme ? Je suis quelqu’un de très militant, je crois en la légitimité politique par les gens qui font fonctionner la politique : les gens qui votent, les gens qui tiennent les bureaux de votes, les gens qui collent les affiches. La vraie politique, c’est le militantisme. Sonia Backès m’a donc proposé d’animer la section jeunes. Mon rôle est assez large : organiser des apéros-débats, faire des tournées pour aller voir les jeunes qui ne peuvent pas venir à nos réunions… Quand on vient du Nord, on essaye de rendre la politique accessible à tout le monde, peu importe où l’on habite. Mon rôle consiste aussi à faire remonter toutes les informations qui nous parviennent des associations étudiantes, des jeunes entrepreneurs, des réseaux sociaux, des étudiants en France ou à l’étranger, afin d’améliorer leur quotidien.

Quelle est ta vision de l’implication de la jeunesse dans le monde politique et social calédonien ?

CN : Jamais assez. Mais il y a un temps pour tout : le temps des études, le temps du premier emploi, le temps des premières découvertes… Mais bon, j’aimerais que tous les jeunes s’engagent dans la vie sociale, que ce soit dans la politique, dans l’associatif… À 18, comme à 70 ans, on a le même poids politique. Souvent, puisque les jeunes ne s’expriment pas, les réalités institutionnelles ne sont pas à la hauteur des attentes des jeunes. Mais ils ne pourront changer la réalité qu’en s’impliquant dans les affaires politiques : on n’est jamais mieux servis que par soi-même !

Propos recueillis par Kim Jandot

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