C’est le grand jeu de la politique : un super légo. Former un gouvernement, comme constituer une liste d’ailleurs, c’est d’abord la recherche des équilibres. Et c’est subtil, cela parait parfois du saupoudrage, mais cela répond en fait à une logique basique : que tout le monde s’y retrouve, les convictions comme les lecteurs. La presse a souligné la barre à droite donnée par la formation de ce nouveau gouvernement. Comment en aurait-il pu être autrement après le vote difficile de la loi immigration, et les pudeurs exprimées par l’aile gauche de la Macronie ? Il fallait aussi des femmes marquantes, à l’image de Rachida Dati ou Amélie Oudéa-Castéra, après l’éviction d’Elisabeth Borne, la 2ème femme seulement à avoir accédé à Matignon de toute l’histoire de la Vème République ! Il fallait des poids-lourds, des ministres ancrés dans leur secteur, d’où le maintien des quatre mousquetaires. Il fallait qu’ils soient peu nombreux, ce que l’on qualifie de « gouvernement resserré », pour montrer que l’on peut être efficace sans être pour autant l’armée de Bourbaki. Bref, il faut du dosage et du doigté, et dans le même temps répondre aux exigences du Chef de l’État et aux ambitions personnelles des uns et des autres. Rien n’est simple dans la construction d’un gouvernement, mais tient-on compte de ces exigences lorsqu’on a 34 ans ?
Nicolas Vignoles