Il étrangle sa voisine enceinte parce qu’elle lui avait demandé de baisser la musique

Pour une simple remarque, une mère de famille, enceinte de cinq mois, a vu sa porte défoncée par son voisin qui est entré chez elle et l’a gravement violenté la veille de Noël, à Païta. Il a été déclaré irresponsable pénalement par le tribunal.

Elle en tremble encore. Ses trois enfants aussi, ne se sont pas remis de cette imprévisible flambée de violence. Sous leurs yeux, leur mère a été agressée avec une rare violence par son voisin. Elle aurait très bien pu mourir. Enceinte de cinq mois, elle aurait pu aussi perdre le fœtus qu’elle porte. La veille de Noël, cette femme est en train de préparer le petit-déjeuner de ses enfants de deux, sept et huit ans dans le jardin d’un appartement d’une résidence à Païta lorsqu’elle demande « poliment » à son voisin du dessous de baisser le volume de la musique. « Tous les jours, il y a de la musique trop forte. On en peut plus des tapages. On reçoit aussi de la nourriture qui est balancée de la terrasse, une fois, c’était même une tête de cochon », raconte-t-elle au tribunal correctionnel de Nouméa, mardi. Mais ce matin-là, elle est à mille lieues d’imaginer la suite de l’affaire. Le fameux voisin, un homme de 33 ans, n’entend pas s’exécuter et en guise de réponse, il lui jette une conserve vide. L’objet est évité. Ce n’est alors que le début de l’enfer pour cette mère de famille.

« Les secondes les plus longues de ma vie »

Car un instant plus tard, elle entend un bruit sourd au niveau de sa porte d’entrée qui n’est pas verrouillée. Avant même qu’elle ait le temps de réagir, le trentenaire la défonce d’un coup de pied et s’introduit chez elle. Aussitôt, il traverse le salon, se met à la poursuivre et à la coincer contre un mur où, d’une main sur la gorge, il l’étrangle pendant de longues secondes au point qu’elle ne réussisse plus à respirer. « J’avais beau lui dire d’arrêter, mais il était concentré à m’étrangler. Ce furent les secondes les plus longues de ma vie. Mes enfants pleuraient mais cela ne le dissuadait pas. J’ai cru mourir », témoigne la victime. Elle est si tétanisée qu’elle ne se débat pas pour se libérer. Une main sur son ventre, « j’essayais plutôt de protéger mon enfant dans mon ventre ».

L’agresseur finit par lâcher son étreinte car sa compagne lui hurle de s’arrêter. Aujourd’hui en état de choc, craignant des représailles, elle ne souhaite qu’une chose, « qu’il soit expulsé de la résidence. Je suis désolé mais je ne peux plus les voir. Ce n’est pas à moi de déménager. Depuis ce jour, on a peur de sortir, on ne se sent pas en sécurité et on sursaute au moindre bruit ».

Un discernement aboli

Mais les débats ont rapidement tourné vers la santé mentale du prévenu qui était, jusqu’alors, inconnu de la justice. Car depuis un AVC (accident vasculaire cérébral) en 2019, la vie de ce charpentier a basculé. Les séquelles sont innombrables. Ses troubles cognitifs et comportementaux sont de plus en plus difficiles à gérer, notamment pour sa compagne. Il peut, notamment, « devenir incontrôlable », précise la présidente Sylvie Morin, au cours de « crises émotionnelles ».

« J’ai perdu le contrôle, admet-il devant les magistrats. J’ai essayé de la faire taire en l’étranglant mais je n’ai pas voulu la tuer. » L’expert psychiatre évoque « une impulsivité réactionnelle qui libère une agressivité imprévisible » et des « colères noires pathologiques ». Conclusion du médecin, l’abolition temporaire du discernement du prévenu doit être retenue.

Un point qui n’est pas discuté par la procureure de la République Fanny Philibert qui requiert malgré tout une déclaration de culpabilité à son encontre et une hospitalisation d’office au centre hospitalier spécialisé (CHS) Albert-Bousquet. « C’est indispensable », souligne la représentante du ministère public, le trentenaire ayant « un trouble avéré et persistant. Il faut qu’il soit soigné correctement ». L’avocate de la défense Me Francesca Javelier reconnaît que son client a besoin d’être « suivi sur le long terme » car « une étincelle et il perd contact avec la réalité. Ce sont des séquelles de son AVC. Il souffre d’une fragilité et de réactions incontrôlées ». Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a déclaré irresponsable pénalement le trentenaire et ordonné son placement en hospitalisation d’office « pour stabiliser » son « état ». Il a également l’interdiction d’entrer en contact avec la mère de famille pour les cinq prochaines années et devra lui verser 700 000 francs de dommages et intérêts.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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