Alors que la végétation brûle aux quatre coins du pays, mettant les pompiers à rude épreuve, les gendarmes pistent les incendiaires. Cinq personnes, dont la plus jeune est âgée de… 10 ans, viennent d’être arrêtées.
Ils sont dans l’ombre des pompiers. Alors que les soldats du feu courent après les multiples incendies qui ravagent des milliers d’hectares de végétation ces derniers-jours, les gendarmes travaillent à remonter d’éventuels suspects. En raison de son implantation en Brousse, ce sont les forces de gendarmerie qui héritent de l’écrasante majorité des enquêtes ouvertes par le parquet de Nouméa pour déterminer les circonstances et les conditions des départs de feu bien trop souvent d’origine humaine.
D’après nos informations, plusieurs interpellations viennent d’être opérées par les gendarmes dans le cadre de trois dossiers d’incendies volontaires en province Nord. A Ouégoa, où un incendie parti d’un quartier proche de la RPN7 et attisé par des vents forts a obligé des familles à évacuer leurs domiciles, les enquêteurs ont réussi à identifier une jeune femme suspectée d’être à l’origine du sinistre. Les dégâts sont énormes et pourraient se chiffrer à plus de trois millions de francs en raison de la destruction de deux conteneurs, d’installations électrique et d’une partie d’une maison. On ne connait pas encore les raisons de ce passage à l’acte mais la gendarmerie a annoncé que la suspecte avait reconnu les faits au cours de ses auditions en garde à vue. Elle devra répondre de ses actes devant le tribunal correctionnel de Koné en juin prochain.
Le feu n’efface pas les traces
Car tout départ de feu fait automatiquement l’objet d’une enquête judiciaire. Et les forces de l’ordre peuvent déployer des moyens considérables pour mettre la main sur ceux qui allument des brasiers. Les techniciens en identification criminelle peuvent ainsi être mobilisés pour retrouver des traces, de l’ADN ou des objets permettant de confondre un suspect. Car le feu n’efface pas tout. Et si les moyens techniques ne suffisent pas, il reste toujours le renseignement humain qui peut s’avérer décisif. C’est ainsi que les gendarmes de la compagnie de Koné ont pris en flagrant-délit un homme de 35 ans près de la tribu de Bako alors même qu’un feu venait de se déclencher dans le secteur, obligeant même à interrompre la circulation sur la RT1. Ressorti libre de sa garde à vue, il est convoqué au tribunal en juin prochain. Dans l’intervalle du procès, la justice peut procéder à des expertises médicales des suspects pour déterminer s’il s’agit de véritables pyromanes, qui veulent assouvir une pulsion avec le feu, ou des incendiaires qui agissent pour un mobile précis.
L’imprudence de trois mineurs
Face à la multiplication des départs de feu, qui posent bien des problèmes aux sapeurs-pompiers, confrontés à une situation qu’ils n’avaient plus connue depuis 2019, les autorités lancent des appels à la prudence. Les consignes doivent impérativement être respectées : il ne faut pas utiliser de feu à des fins non domestiques, les écobuages et les barbecues sont strictement interdits dans les jardins ou les champs tout comme les feux de camp en forêt. Car le moindre petit foyer peut se transformer en quelques secondes en un immense brasier. A la tribu de Oundjo, à Voh, par exemple, trois mineurs, âgés de 10 à 14 ans, ont été auditionnés par les gendarmes. Face à eux, ils ont reconnu avoir joué avec un briquet, ce qui a provoqué un sinistre dont il n’avait nullement l’intention. L’un d’eux est convoqué devant le juge des enfants de la section détachée de Koné pour une reconnaissance préalable de culpabilité en mars prochain. Avant son passage en justice, ce jeune sera accueilli par les fonctionnaires de la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) de Koné.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche
