Si les secondes mains de ce réseau d’importation de poudre blanche ont été condamnées, le principal protagoniste du dossier a demandé « un délai de réflexion » avant d’accepter ou de refuser la peine proposée par le procureur de la République.
Ils ont échappé à un procès public, pas à une condamnation. Six personnes ont comparu mercredi matin dans le cadre de la procédure de CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité) au Palais de justice de Nouméa pour leur implication, à des degrés divers, dans un important trafic de cocaïne entre la Métropole et le territoire calédonien entre 2018 et 2021.Ce dossier, qui a entraîné de nombreuses réactions dans la population calédonienne au moment de la révélation des faits, notamment parce que c’était une des premières fois qu’un tel réseau était démantelé au pays, s’est donc refermé par une entrevue de quelques minutes entre les prévenus et leurs avocats et le président du tribunal Éric L’Helgoualc’h qui avait la charge d’homologuer – c’est-à-dire de valider ou de refuser – les peines proposées par le procureur de la République Yves Dupas.
Le premier à avoir été confronté au patron du parquet est un homme d’une quarantaine d’années, considéré par les enquêteurs de la gendarmerie comme la tête du réseau pour avoir acheminé depuis l’Hexagone plusieurs centaines de grammes de coke au cours de plusieurs voyages. A chaque fois, il avait dissimulé la drogue dans des flacons et des produits de toilette. Une importation en grande quantité qui avait permis d’alimenter de manière conséquente la demande locale.
Une décision à prendre avant mercredi
Mis en examen et placé en détention provisoire dans un second dossier qui remonte à février dernier – il est désormais soupçonné d’avoir importé un kilo de cocaïne dans un colis postal -, le trafiquant présumé a été escorté par les policiers dans le bureau du procureur. Sauf que, retournement de situation, le quadragénaire a demandé un « délai de réflexion » (qui ne peut excéder 10 jours). Interrogée, son avocate Me Barbara Brunard a indiqué que cette option était « prévue par les textes. Mon client réfléchit à la proposition de peine qui a été faite par le procureur. Je ne vous donnerai pas le détail de la peine qui est confidentielle. La semaine prochaine, une nouvelle audience se tiendra et nous déciderons si oui ou non un accord peut être trouvé. S’il n’y a pas d’accord en procédure de CRPC, le dossier sera audiencé devant le tribunal correctionnel en février prochain ».
Un véhicule et du numéraire confisqués par la justice
Au contraire des cinq autres prévenus qui ont accepté leurs peines. Douze mois de prison avec sursis et une amende de 400 000 francs pour un consommateur désormais « vierge de toute addiction » et dont la participation « a été infime », a commenté Me Sophie Devraine.
Le juge a également homologué la peine de dix-huit mois de prison dont 10 mois avec sursis probatoire et une amende de deux millions de francs pour un chef d’entreprise de 59 ans qui a participé au trafic en vendant la drogue à des connaissances lors de soirées. Outre la confiscation d’une somme de 330 000 francs en liquide retrouvée chez lui en perquisition et confiée à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc), ce gérant de société purgera sa peine ferme (huit mois) avec un bracelet électronique.
Un troisième, employé dans le BTP, a écopé de 15 mois de prison avec sursis et une amende d’un million de francs. Un autre a également été sanctionné de douze mois avec sursis et d’une amende de 300 000 francs. « Ce n’était qu’un consommateur et cela fait cinq ans qu’il a arrêté. C’est du passé, on veut tourner la page », a déclaré son avocat Me Patrice Tehio.
Enfin, dernière à avoir été jugée, l’ancienne compagne de la tête de réseau qui a également reconnu les faits. Cette commerciale de 29 ans s’est vue condamnée à 18 mois de prison dont 12 mois avec sursis, une amende de 600 000 francs et la confiscation de sa voiture. Elle sera prochainement convoquée devant le juge d’application des peines. Ce dossier n’en est pas pour autant totalement terminé puisque, outre le délai de réflexion demandé par le principal organisateur de ce trafic, d’autres personnes doivent encore être jugées en CRPC lundi prochain.