L’Union calédonienne a dressé hier, lors d’une conférence de presse, le bilan des motions votées lors de son 54e congrès à l’Île des Pins.
70 ans après sa création, « la Vieille Dame est toujours là », fidèle à ses principes, constate Gilbert Tyuienon. De fait, le plus vieux parti calédonien ne bouge pas d’un iota. Il continue de contester le 3e référendum ; il a toujours une dent contre l’État qu’il estime « toujours aussi impartial et sourd » et dont il dénonce « la stratégie d’occupation militaire et la stratégie Indo-Pacifique ». Pour l’UC, le chemin du pardon tel que proposé par Emmanuel Macron « ne peut aucunement solder le contentieux colonial » et demande à l’État de réparer la dette coloniale par la justice transitionnelle. Les différentes versions du document-martyr sont par ailleurs « toujours aussi inacceptables » pour l’Union calédonienne qui refuse de s’associer aux travaux sur cette base, tout du moins tant que sa trajectoire ne sera pas prise en compte et qu’une bilatérale avec l’État n’aura pas eu lieu. « Les discussions reprendront, mais seulement sur notre vision en demandant une médiation internationale ».
La pleine souveraineté et rien d’autre
Réélu pour la 11e fois, Daniel Goa a rappelé ce qu’il estime être « un plancher » pour l’UC. « Nous n’abandonnerons jamais la trajectoire unique vers la décolonisation validée par le 41e congrès du FLNKS en février 2023. Nous avons toujours considéré que les acquis que sont le corps électoral citoyen, le maintien de notre pays sur la liste des pays à décoloniser, le principe d’irréversibilité jusqu’au transfert des compétences régaliennes ne devaient jamais être remis en cause. C’est notre plancher ». Cette trajectoire vers la souveraineté, l’UC souhaite l’obtenir « en interdépendance ». Et Daniel Goa de préciser : « Aucun de nous ne veut d’un nouveau statut dans la France. Nous sommes en revanche prêts à examiner tout nouveau statut avec la France ». Si l’UC conteste la nécessité d’une réforme constitutionnelle, le parti dit toutefois rester ouvert « à toutes les discussions institutionnelles, tout initiative calédonienne dans le cadre du respect de l’Accord de Nouméa ». Une légère menace fait toutefois irruption dans le discours : « Si l’État français veut recoloniser en rompant unilatéralement sa parole, nous résisterons. Nous nous opposerons à la colonie de peuplement ».
Vers un nouveau FLNKS ?
Daniel Goa invite par ailleurs à une « refondation du FLNKS », aujourd’hui chahuté par des dissensions internes, notamment entre l’UC et l’UNI. Le président de l’UC souhaite ouvrir le Front « à tous les mouvements nationalistes, toutes les organisations indépendantistes, les organisations politiques, associatives, syndicales, religieuses et coutumières ». L’heure est « à la mobilisation générale » pour l’Union calédonienne sur tous les terrains. Gestion du pays, réformes, vote des budgets… « Nous ne lâcherons rien », conclut Daniel Goa.
Beryl Ziegler