En charge de la fonction publique au gouvernement, il aura été très en vue ces derniers jours. Grève dans la fonction publique et problème de la CLR, nous avons fait le point.
Il y a eu ce mouvement de grogne de la fonction publique calédonienne, réclamant une hausse de l’indice. Selon vous, était-ce le bon moment pour revendiquer ?
Vaimu’a Muliava : En tous les cas, ça pose une question sur notre société dans la période charnière que nous vivons et avec l’état des finances publiques des collectivités. Je ne sais pas si c’est ou non le bon moment. Ce que j’observe en revanche, c’est que tous ces corps de métiers bénéficient depuis 30 ou 40 ans de dispositifs dont il faut se demander s’ils répondent à la capacité de notre pays. Et la réponse est évidemment non. Le fait qu’il y ait tous ces mouvements qui réclament doit nous interroger sur notre capacité de faire pays, à un moment où les finances publiques sont au plus bas, et doit interroger chacun d’entre nous, individuellement et par corporations, sur notre volonté de faire pays. C’est aussi pour cela que le gouvernement organise autant d’assises et de forums, parce que nous interprétons ces mouvements comme une volonté de se faire un état des lieux. Ce que nous accordions rapidement sans nous interroger à l’époque, n’est plus possible aujourd’hui. On ne peut plus traiter toutes ces demandes avec légèreté.
C’est ce que vous avez dit à l’intersyndicale de la fonction publique ?
VM : S’agissant de la demande des fonctionnaires territoriaux, nous n’en avons pas discuté ces derniers jours, c’est depuis 2022. On accuse souvent le gouvernement de ne pas prendre de décision, et de ne pas les prendre rapidement. Mais ces demandes ont un impact sur l’ensemble des employeurs publics. Depuis 2022, nous avons mené plus de 12 réunions avec les employeurs publics que sont les provinces et les communes, dès lors que la métropole, au sortir du COVID, adopte le Ségur de la Santé avec le point d’indice à 3,5%, cela a un impact chez nous. Cela pose la question de la dépendance corporative de la Nouvelle-Calédonie vis-à-vis des décisions prises dans l’hexagone. Une décision qui correspond à l’écosystème national et à des besoins nationaux, répond-elle aux besoins locaux. Et cela au regard de l’indexation dont nous bénéficions aujourd’hui. Je rappelle que cette indexation a été mise en place pour les fonctionnaires d’État pour les attirer à travailler hors de leur milieu, loin de chez eux et de leur famille. Cette indexation a été élargie aux fonctionnaires territoriaux, alors qu’ils vivent ici. Je ne suis pas là pour juger l’histoire, mais on doit se demander aujourd’hui si la fonction publique territoriale doit répondre aux mêmes contingences que la fonction publique d’État. Autrefois, la réponse était non. Et aujourd’hui je pense que la réponse est toujours non. Nous avons tardé parce que ça n’est pas une décision facile à prendre. Nous avons eu une réunion du GTPE (NDLR : Groupe de Travail des Présidents d’Exécutifs), au cours de laquelle le président du gouvernement a porté la réclamation des fonctionnaires, et un accord a été trouvé pour accorder 1% de hausse du point d’indice. J’entends ce que l’on dit comme quoi 1% c’est rien, mais c’est beaucoup ! C’est un milliard ! 1%, c’est un milliard qui va peser sur les collectivités, ça n’est pas rien. Nous avons donc appelé les syndicats à la responsabilité.
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