Le groupe Eramet, actionnaire majoritaire (56%) de la SLN (le reste des parts se partagent entre les provinces à 34% et un groupe japonais à 10%), a présenté, mercredi soir, en Métropole, l’état de ses comptes et donné des perspectives. Il a été acté une aide de l’État, de 7,1 milliards de francs, pour tenir les deux prochains mois.
Toujours commencer par une bonne nouvelle. « En Nouvelle-Calédonie, la production minière a atteint un record à 5,8 millions de tonnes en 2023 (+7 % par rapport à 2022), reflétant de meilleures conditions météorologiques ainsi qu’une meilleure disponibilité et utilisation des engins miniers », écrit Eramet dans son bilan annuel. A l’usine de Nouméa, la transformation de la matière brute en ferronickel est « en hausse », s’établissant, pour 2023, à 44 800 tonnes (+10%). La vente augmente quasiment autant : 44 400 tonnes (+8%). Cela reflète « une meilleure alimentation en minerai ainsi qu’un meilleur fonctionnement de l’usine, désormais correctement alimentée en électricité par la centrale
accostée temporaire ».
Une dette de 38,2 milliards de francs
Dans le même temps, la Société Le Nickel (SLN) fait attention à ses dépenses. « Le plan d’économie mis en œuvre » depuis plusieurs mois « a permis de réduire la consommation de trésorerie d’environ 140 millions d’euros en 2023 », explique Eramet. Malgré ces 16,7 milliards de francs dépensés en moins, la SLN continue « de faire face à d’importantes difficultés, tant en termes d’autorisations d’exploitation que d’accès à une énergie compétitive, dans un contexte d’environnement de prix dégradé », poursuit l’actionnaire majoritaire. L’an passé, la SLN a perdu 125,27 millions d’euros (14,9 milliards). C’est 55,27 millions (6,6 milliards) de plus qu’en 2022. La dette « s’élève désormais à 320 millions d’euros », soit 38,2 milliards de francs.
Situation « critique »
Point à surveiller : le coût de production du ferronickel « s’est élevé à 8,3 dollars par livre en moyenne sur l’année, en légère hausse par rapport à 2022 ». Au final, « la progression des volumes de ventes de ferronickel, ainsi qu’un meilleur contrôle des coûts fixes, n’ont que partiellement compensé l’impact de la baisse des marges » à l’export. Pour ne rien arranger, le cours du change a été, sur cette période, « défavorable ».
Aujourd’hui, « la situation financière de la SLN », déficitaire depuis douze ans, « reste critique avec des échéances de trésorerie à court terme », souligne Eramet. Afin de tenir le coup jusqu’au terme de la procédure de consignation, prévu dans sept semaines, « l’État a accordé », ce mois-ci, « un nouveau prêt à la SLN », assure Eramet, qui annonce « un montant de 60 millions d’euros », c’est-à-dire 7,1 milliards de francs.
« Discussions avancées avec l’État »
Dorénavant, « Eramet privilégie la recherche de solutions permettant d’assurer la continuité de l’activité de l’entité, tout en réitérant sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à la SLN, afin de préserver le bilan du groupe et sa capacité à financer ses projets stratégiques pour la transition énergétique », pose l’actionnaire. « Dans ce contexte, Eramet a initié depuis plusieurs semaines un processus d’analyse et est désormais en discussions avancées avec l’Etat en vue de la mise en place de solutions permettant de neutraliser durablement le poids de la dette de la SLN dans les comptes » du groupe. Ce dernier « communiquera dans les toutes prochaines semaines la solution retenue ».
Une phrase, dans le communiqué de presse, résume clairement la situation : « les conditions de continuité d’exploitation de la filiale calédonienne ne sont plus réunies à date ».
En attendant, voici comme Eramet imagine les mois à venir : « sous réserve d’un fonctionnement normal des opérations, la production de ferronickel de l’usine est estimée à environ 45 000 tonnes en 2024 ». Quant aux « exports de minerai » à faible teneur, ils devraient descendre à « près de 2,5 millions, compte tenu de la suspension d’activité de Poum », d’une « restriction dans d’autres mines » et de « difficultés sociétales qui persistent ». L’an passé, la SLN a exporté 2,7 millions de tonnes de ce type minerai peu riche, « en recul de 9 % » en comparaison avec 2022.
Anthony Fillet