On le sait, alors que beaucoup d’enfants feront une rentrée dite normale lundi, pour d’autres ce ne sera pas un jour comme un autre. Ce sera le cas d’une vingtaine d’entre eux, ceux de la MECO, Maison de l’enfance de la côte Ouest implantée à Koné.
Au premier abord, de simples murs vivement colorés et un ensemble immobilier disposé et structuré de sorte à susciter la chaleur, l’hospitalité et le confort. Et puis on note une muraille contre l’extérieur. La Maison de l’enfance de la côte Ouest (MECO) conserve en effet, bien à l’abri des regards et des passages et autres tumultes, des destins pour le moins tragiques. Ceux d’enfants victimes de violences, verbales, physiques, psychologiques ou sexuelles. Des mineurs âgés de six ans ou plus et des jeunes majeurs. Ils sont 22 au total, « sous mesure de protection judiciaire ou administrative », cadre Henri Leleivaï, directeur. Il est à la tête d’une équipe de 19 personnes allant du moniteur-éducateur aux éducateurs spécialisés, de groupe ou de nuit, en passant par la maîtresse de maison ou encore les deux veilleurs de nuit. Henri Leleivaï précise, « la Meco a un caractère social, ce n’est pas un foyer comme à Nouméa, Païta ou Bourail. Nous travaillons sur le retour en famille de ces enfants qui ne sont pas des orphelins ». Une tâche ardue en elle-même, titanesque dans certains cas. En exemple le directeur cite le cas de cet enfant entré dans ces locaux à l’âge de deux ans, et qui en est parti à sa majorité, après moultes va-et-vient, et aujourd’hui inséré dans la société. Autant que son cercle familial, les familles d’accueil n’avaient pu le canaliser.
Innover
99% de ces enfants relevant d’une chefferie, la MECO a tout naturellement voulu emprunter la voie coutumière dans son approche mais, déplore Henry Leleivaï, « nous avons toujours trouvé portes closes, c’est compliqué ». Compliqué aussi ; les maintenir en place dans les classes des établissements scolaires avec lesquels travaille la MECO. Et pour cause, les règles paraissent trop drastiques quand on en a connu aucune, « pour ces enfants qui n’ont plus d’enfance », lâche le directeur. Protection, hébergement, éducation, le triptyque magique qui fonde la MECO et donne le sens de l’investissement personnel dans ces bâtiments spéciaux. Profilant son emploi du temps sur celui de l’armée, du temps où elle était obligatoire, le directeur déclare « tout reprendre du début. Du lever au coucher, tout est cadré ». Dimanche soir, l’établissement fera « une rentrée symbolique avec un peu d’excitation quand même », confie le diplômé de l’École des hautes études de Santé publique de Rennes en France. En effet « nous finalisons un programme d’agrandissement qui va augmenter la capacité d’accueil de la Maison à 45 places » confie-t-il, avec un élargissement de ses compétences à des enfants dont on n’aura pas encore fêté leurs premières bougies ! Triste réalité dans un no man’s Land en la matière. La province Nord ne compte que quatre familles d’accueil pour exemple, faisant dire à Henry Leleivaï : « ici tout est à inventer mais le copier-coller, ça ne marche pas, il ne s’agit pas d’inventer la roue, il faut l’adapter à nos routes ». En quelque sorte, la MECO a malheureusement et heureusement, c’est un dilemme pour son personnel, une longue vie devant elle.
Jack Kogny