Rencontre avec… Sonia Lagarde

Sonia Lagarde entame sa 10e année à la tête de la ville de Nouméa. Elle n’accorde que rarement des interviews. L’occasion de faire avec elle le tour des sujets d’actualité et des grands chantiers de la municipalité, en cours et à venir.

Comment qualifieriez-vous l’année qui a commencé ?

Sonia Lagarde : Elle va être placée sous le signe d’une extrême prudence au niveau budgétaire. Il n’y a pas eu de dérapage du tout, mais les derniers soubresauts qui ont mis les maires en colère concernant Enercal ont fait que les maires sont descendus dans la rue et ont été entendus par une commission au Congrès. Nous avons dit notre mécontentement parce que des décisions ont été prises sans qu’il y ait eu de concertation préalable, ce qui va endommager les finances des communes et donc celles de Nouméa en ce qui me concerne. Nous avons bâti un budget prudentiel. Les communes souffrent, on leur demande de plus en plus, et surtout on vient les taxer. L’année dernière, il y a eu l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, il y a eu la CLR qui est en mauvais état et donc il faut y participer, il y a aussi les contractuels à qui il faut désormais faire 4 des contrats différents pour les intégrer… Il y a des dispositions qui sont prises par le gouvernement et qui viennent interférer dans nos budgets de fonctionnement, alors que, par ailleurs, les communes – et la commune de Nouméa plus particulièrement – font des efforts drastiques en termes de fonctionnement, de façon à libérer des fonds pour pouvoir investir. Car notre rôle premier quand même, c’est d’investir pour améliorer la ville et la qualité de vie des administrés, et en même temps, ça demande beaucoup d’argent, et donc si on vient nous taxer comme ça, la marge de manœuvre qui est la nôtre va se rétrécir.

Y a-t-il déjà une contraction sur le prochain budget municipal en termes d’investissement ?

SL : On a essayé de le maintenir. Par ailleurs, on essaie à travers les contrats avec l’État d’obtenir des fonds. On fait exactement la même chose avec la province. Et si l’État n’était pas là, alors ce serait extrêmement compliqué. Nous avons notamment eu un très gros investissement qui est celui de l’anse Vata par rapport à l’érosion, de l’ordre de 2,2 milliards de francs. Grosso modo, cette année, on aura à peu près 5 milliards d’investissements, parce qu’on fait beaucoup d’efforts en interne sur notre fonctionnement pour pouvoir nous donner cette possibilité d’investir.

Après deux ans de travaux, le chantier de l’anse Vata touche à sa fin, après avoir été maintes fois décrié par les riverains. Quel bilan en dressez-vous ?

SL : Deux ans de travaux étaient prévus, et finalement, on est dans le timing et les gens sont contents. Je vais sur la promenade et les gens qui viennent à ma rencontre me disent « merci beaucoup ». Et ce qui est assez spectaculaire, c’est cette mixité sociale. Toutes les ethnies sont là et ça se passe bien. On y vient le soir parce qu’il fait chaud, on amène la glacière, on mange, on vient se détendre, et tout cela se passe sans heurts. Tout le monde cohabite et le destin commun s’exerce à plein. Donc il n’y a pas besoin de grands discours, il suffit de faire des choses pour amener les gens à vivre ensemble et on voit bien que tout cela est parfaitement possible.

La promenade de l’anse Vata, où sont censés cohabiter les piétons et les cyclistes, fait toutefois l’objet de critiques, notamment le week-end où la sécurité laisse à désirer. Qu’en dites-vous ?

SL : Initialement, une piste cyclable était prévue et a été matérialisée. Cette piste cyclable est limitée dans la largeur de la promenade et n’est certainement pas faite pour des gens qui roulent vite. Si on veut qu’il y ait une mixité d’usage, alors il va falloir la respecter. On n’est pas là pour faire de la course, mais pour se promener tranquillement dans cet espace dédié. Si on le prend pour une piste de course, alors ça va être compliqué et il y aura sans doute des rappels à l’ordre. C’est un espace de loisirs où la civilité doit être de mise.

Toujours sur l’anse Vata, des travaux sont encore prévus au niveau de l’ancienne polyclinique…

SL : Du côté de la polyclinique, les travaux ont commencé. On a conservé les toits de ces bâtiments qui datent des Américains, ce qui va permettre d’accueillir les week-ends des marchés plutôt tournés vers l’artisanat local. Il y aura aussi un glacier et une sorte de théâtre avec un grand deck, où on va pouvoir réceptionner des orchestres. Il y aura aussi des jeux pour les enfants, une station complète d’agrès de workout pour les jeunes, deux pistes pour les boulistes et un parc. Donc c’est un endroit qui va être très animé et qui va mettre un point final à tous les aménagements de l’Anse Vata, y compris la route de l’anse Vata qui, elle, sera terminée fin mars. On a réussi à l’agrandir de quatre mètres d’un côté. C’était une route très accidentogène qui devient très agréable aujourd’hui avec des trottoirs très larges et plantés.

Le premier filet anti-requins définitif a été installé à la baie des Citrons à la fin de l’année dernière. Quel bilan en dressez-vous ?

SL : Pour l’instant, ça fonctionne très bien, je vois beaucoup de gens qui vont nager en sécurité, comme chacun peut le constater. La prochaine barrière sera installée au Château Royal avec un peu de retard en raison des difficultés d’acheminement des bateaux, c’est-à-dire fin avril mi-mai. Installée par la même société qu’à la baie des Citrons, cette barrière mesurera à peu près 100 mètres de large sur 200 mètres de long. Elle englobera le ponton pour arriver jusque devant le Méridien. Ce sera une belle surface.

Et pour ce qui est de la 3e barrière, qu’est-il prévu ?

SL : Elle sera mise à l’anse Vata vers le mois de septembre-octobre, c’est-à-dire pour le prochain été. Nous avons délimité une zone, parce que l’anse Vata est très ventée et donc le meilleur endroit pour le faire se trouve à peu près devant le Hilton. Nous avons relancé un appel à projets, donc on attend de voir dans les semaines qui viennent qui répond.

Et en termes de coûts, est-ce conforme à ce qui était prévu ?

SL : Entre les barrières de l’anse Vata et du Château Royal, il était prévu 150 millions de francs. On sait aujourd’hui que ça va nous coûter un peu moins, et on a eu l’aide de l’État à hauteur de 60 millions de francs pour les deux. Pour ce qui est de l’entretien, la baie des Citrons a été nettoyée récemment, nous avons un contrat avec Scadem. Ça nous coûte à peu près 8 millions de francs par an. Il faut nettoyer au karcher parce qu’il y a des algues qui viennent se mettre sur les filets. Si les mailles bloquent les requins de grande taille, elles laissent toutefois passer des espèces plus petites, y compris des tortues. Les poissons entrent et sortent. La vie marine reste active contrairement à ce qu’on a pu entendre.

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