Inquiets face aux menaces qui planent sur leur avenir, quelques centaines de salariés et sous-traitants de la filière nickel ont manifesté hier en plusieurs points du Territoire. Sans pour autant entraver la production des usines.
Barrages filtrants à Poya sur la RT1 ; mine SLN de Kouaoua à l’arrêt, rassemblements devant l’immeuble Malawi, siège de Prony Resources à Nouméa ; camions positionnés devant l’usine du Sud, banderoles apposées devant les sites de Thio, Poya ou encore Doniambo. Hier, quelques centaines de salariés et sous-traitants de la filière nickel ont pris part à la grève, initiée par le Syndicat général des travailleurs de l’industrie (SGTINC-CGC), le Syndicat patronal des Acteurs économiques de Nouvelle-Calédonie (SPAENC), le Groupement Pacifique Sud, le GIE Goromines et Fédération pays. Si le mouvement a été suivi dans un certain nombre d’ateliers à la SLN, en revanche, « il a été demandé au personnel affecté à l’exploitation des fours de travailler pour préserver l’outil parce que l’on a le sens des responsabilités, même si on est en colère », insiste Glen Delathière, délégué syndical du SGTINC.
« Halte au gaspillage »
Comme annoncé la semaine précédente, les manifestants ont dénoncé du « gaspillage d’argent, du copinage et de la mauvaise gestion d’entreprise » au sein des trois complexes industriels du Territoire. Ils ont été reçus hier après-midi à Nouméa par Béatrice Pierre, la PDG de l’usine du Sud, « dans la situation la plus urgente », d’après Glen Delathière. « Que sont devenus les quelque 90 milliards de francs investis au total dans l’usine du Sud par Vale et l’État ? L’usine a perdu 25 milliards de francs alors que Trafigura a gagné 15 milliards de francs en revendant le nickel de l’usine du Sud. Où est passé cet argent ? Comment a-t-il été géré ? » s’interroge le syndicaliste, qui fait aussi état de facturations « trois fois supérieures à la normales validées en comité de direction ». Aux côtés de ses partenaires, le SGTINC a demandé à la direction de l’usine du Sud de rendre des comptes et des garanties environnementales sur le projet Lucy. « On n’a pas envie d’avoir une catastrophe écologique au niveau du barrage avec les fortes pluies actuelles ». Et le syndicaliste de conclure : « Si Prony Resources obtient une nouvelle aide de l’État, on veut du contrôle pour éviter de nouveaux dérapages ». La PDG de Prony Resources a accepté de convoquer un conseil d’administration où les représentants syndicaux pourront faire entendre leur voix. Les syndicats seront également reçus aujourd’hui par la SMSP.
Béryl Ziegler